LA FRANCE EST-ELLE UNE DÉMOCRATIE ?

Publié le par Michel Durant

Une cinquantaine de participants, surtout des jeunes, planchent sur la démocratie

La réponse est non. Étymologiquement, même si on peut contester l'origine et l'évolution de ce terme, la démocratie est le gouvernement du peuple par le peuple. La France prétend être une démocratie représentative où le peuple des citoyens élit ses représentants chargés de gouverner le pays (en ce moment c'est une petite minorité du peuple qui vote, peut-être justement parce qu'il estime que ses représentants le représentent mal ?) En fait, on a remplacé une aristocratie du sang par une aristocratie du savoir et de l'argent mais pas établi une véritable démocratie. La preuve la plus flagrante est le référendum de 2005 sur la Constitution Européenne. La majorité des Français a voté NON à 55%. Quelques mois plus tard, par un artifice cynique dont les hommes de pouvoir ont le secret, le Président de la République de l'époque approuvait la nouvelle Constitution Européenne au Traité de Lisbonne ! Personnellement, j'avais voté OUI mais je trouve cette trahison infâme.

Dimitri Courant, un iconoclaste qui remet les pendules à l'heure

Elle est un des éléments importants de la montée de l'abstention. Elle constitue aussi la justification de la revendication majeure des Gilets Jaunes (que je partage intégralement) : le Référendum d'Initiative Citoyenne, le RIC. Ce RIC, unanimement condamné en France par les partis de pouvoir comme antidémocratique et irréaliste, est pourtant utilisé régulièrement dans des pays de démocratie réaliste comme la Suisse, l'Italie, l'Irlande, et même en Allemagne et aux USA au niveau des länder ou des états.

Démocratiquement, tous les bateaux de Vichy sont échoués

Ce week-end, à Vichy, le groupe écologiste du Sénat organisait des conférences-débats sur l'urgence démocratique tout aussi prégnante que l'urgence climatique. Cette dernière était très visible en ce début juillet avec la baisse de deux mètres du Lac d'Allier, paradoxalement provoquée non par la sécheresse mais par une forte crue qui a démantelé une partie du Pont-Barrage de l'Europe !!! Je me suis particulièrement intéressé aux exposés de Dimitri Courant, de l'Université de Boston, qui a vanté les mérites des systèmes suisse et irlandais, ainsi que Fabien Jeannier, de l'Université de Lyon, chercheur spécialiste de l'Écosse. Ce dernier a décortiqué les rapports complexes des Écossais avec le Royaume-Uni et montré comment, en brandissant la menace de l'Indépendance, le peuple écossais a gagné de plus en plus d'autonomie par rapport au pouvoir central.

Fabien Jeannier qui connaît l'Écosse par cœur ne croit pas à son indépendance

Au Royaume-Uni, il n'y a pas de Constitution écrite ! Le gouvernement dirige le pays sous la souveraineté de la reine, elle-même chef d'état de 32 états ! Le Brexit n'a pas modifié cette situation sauf que l'Écosse ayant voté à plus de 60% pour rester dans l'Union Européenne, les partisans de l'indépendance réclament à cor et à cris l'organisation d'un nouveau référendum (tout comme la Catalogne) que le pouvoir central refuse (tout comme en Espagne où le gouvernement a pourtant gracié les organisateurs du précédent référendum). Les gouvernements continueront-ils encore longtemps à décider à l'encontre des peuples, à refuser le droit à l'indépendance, droit reconnu dans la Charte des Nations Unies ? Au lieu de déboulonner les statues de personnages contestés du XVIIIe siècle peut-être vaudrait-il mieux s'attaquer à celles, bien vivantes, du XXIe ?

Quel système transformera la politique française ?

 

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