11 SEPTEMBRE : DEUX TOURS PENDABLES

Publié le par Michel Durant

Avant la destruction, il y a eu la construction et des hommes pour construire

Le mardi 11 septembre 2001, apprenant à la radio qu'un avion venait de percuter une des deux tours jumelles à New-York, j'allumai la télévision pour voir ce qu'il en  était. Une des tours jumelles construites en 1973 était en feu dans sa partie supérieure. Les gratte-ciel américains ont toujours eu un succès fou au cinéma (les diverses versions de King Kong, Elle et Lui, La Tour Infernale…) et les images de cette tour en feu étaient, en effet, spectaculaires. Les commentaires parlaient d'un accident aérien, sans plus.

Un ministre américain masqué, sidéré devant les ruines des Twin Towers

Soudain, à l'écran, apparut un gros avion se dirigeant vers la seconde tour. Il la percuta et la transperça, provoquant un deuxième incendie. Désormais, il était impossible de croire à la coïncidence d'un autre accident aérien survenant au même endroit, à quelques minutes d'intervalle. Et les commentaires de préciser qu'il s'agissait certainement de deux détournements d'avions réalisés par des terroristes. J'étais scotché sur mon siège et tétanisé par un tel acte inhumain qui provoquerait probablement plusieurs centaines de victimes.

Dans le même temps, sur l'autre rive de l'Hudson, ce groupe de jeunes n'est pas conscient que le monde vient de changer

J'étais loin du compte (avec les incendies suivis de l'effondrement des deux tours, aujourd'hui, vingt ans plus tard, on sait que le bilan s'élève à 2977 morts). Et ce n'était pas fini puisque la réaction des USA avec leurs interventions militaires au Moyen-Orient a provoqué, chez les belligérants et parmi les populations civiles plusieurs centaines de milliers de morts. Quant aux nouveaux attentats terroristes survenus ensuite dans des dizaines de pays, ils ont causé des milliers de morts.

Conscient et sûr de sa force, le Président Bush signe pourtant le déclin de l'empire américain devant un parterre de complices réjouis

Nous vivons (avec les commémorations du onze septembre 2001, les procès de Guantanamo et du Bataclan, le retour au pouvoir des Talibans en Afghanistan) la suite logique et tragique des interminables affrontements entre (non pas le Bien et le Mal comme le prétendait le Président Bush) des pays qui se réclament du Siècle des Lumières et des Droits de l'Homme (tout en s'en affranchissant parfois*) des pays régis rationnellement et des groupes organisés selon des principes irrationnels issus des religions.*On peut douter du respect des Droits de l'Homme par ceux  qui lancent des bombes atomiques, des bombes au phosphore, des bombes au napalm…

L'Amérique déconnectée. Ces téléphones symbolisent son impuissance : il n'y a personne au bout du fil comme dans Le Dernier Rivage, film de Stanley Kramer sur l'apocalypse atomique.

Après la sidération des attentats de toutes sortes est venue l'instauration d'une logique sécuritaire qui contamine encore plus fortement la population mondiale que la pandémie de Covid 19. On peut facilement reconstruire des tours (ce que les USA ont décidé de ne pas faire) mais rétablir la confiance en une vie paisible est beaucoup moins aisé. De même que la Seconde Guerre Mondiale a été suivie d'une guerre froide dix fois plus longue entre les anciens alliés, nous vivons une période où les individus et les sociétés se  comportent comme si à chaque coin de rue on pouvait se trouver face à un terroriste armé. La simple présence d'une femme voilée ou d'un homme porteur d'une épaisse barbe noire suffit à provoquer des réflexes de défense aux conséquences physiques et psychologiques désastreuses. Les thèses complotistes de toutes sortes en sont probablement issues et elles trouvent, parmi les populations fragilisées, un terrain propice à leur propagation. 

La vengeance appelle la vengeance

La toute puissance américaine ébranlée par la défaite des GI au Vietnam est aujourd'hui niée par leur fuite de Kaboul. L'Amérique des évangélistes et les drones de la Silicon Valley sont mis en déroute par des islamistes fanatiques armés de kalachnikovs et du Coran. Nous voilà revenus aux sinistres guerres de religions européennes puissance cent sur toute la planète. Avec les dérèglements climatiques, c'est un cocktail fatal qui jouera un tour pendable à l'humanité si la raison ne parvient pas à l'emporter.

Ce qu'il reste des USA et du monde à la fin de La Planète des Singes

 

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