L'ÉTRANGER, UN ENNEMI, CE N'EST PAS NOUVEAU

Publié le par Michel Durant

Pour remplacer les GI partis combattre le nazisme et ses alliés, le programme Bracero a permis de faire entrer légalement des millions de Mexicains aux USA.

Dans l'antiquité grecque, l'étranger ou métèque, pouvait travailler, payer des impôts mais pas acheter une terre ou une habitation. Chez les Romains, on n'aimait guère les étrangers, notamment parce qu'ils risquaient de "corrompre le sang romain", selon les termes de l'empereur Auguste. Dans les deux cas, les étrangers étaient surtout des esclaves dont l'origine était à trouver parmi les vaincus des guerres. La mobilité humaine existant depuis des temps immémoriaux n'a fait que s'intensifier et s'accélérer grâce à l'augmentation de la population mondiale et aux progrès des moyens de locomotion. Les migrations sont devenues massives partout sur la planète et le pays le plus puissant du monde, les USA, est aussi celui où le pourcentage d'habitants d'origine étrangère est le plus grand. Il ne faut donc pas s'étonner si, à chaque élection, les problèmes de l'immigration y sont au centre des débats.

Ils sont nombreux et heureux de venir travailler aux USA

Donald Trump a promis qu'il procéderait à la plus grande émigration du monde en renvoyant chez eux (surtout au Mexique) trois millions d'immigrés clandestins. Ce que beaucoup d'observateurs ont considéré comme une rodomontade n'a pourtant rien d'inédit puisque le "bon" Président Eisenhower, époux de la brave Mamie, l'a fait dans les années cinquante certes avec des chiffres inférieurs mais dans des conditions déplorables.

Quand on n'en veut plus, on les renvoie comme des bêtes dans des cages : ce n'est plus Bracero, c'est Wetback (dos mouillé). On renvoie chez eux les immigrés illégaux qui ont traversé le Rio Grande "à la nage" et ont le dos mouillé !

Pendant la Seconde Guerre Mondiale, les USA ont mobilisé plus de 15 millions de soldats, obligeant les femmes américaines à les remplacer dans les usines tandis qu'un programme massif d'immigration légale appelé Bracero (de l'espagnol travailleur manuel) était mis en place permettant l'entrée massive de Mexicains. Mais, avec le retour des GI dans leurs foyers, les étrangers sont devenus à nouveau indésirables et le "gentil" président Eisenhower a permis à son ex-collègue, le général Joseph Swing (au patronyme idéal) de balancer au centre du Mexique près de deux millions d'immigrés dans des conditions indignes (têtes rasées, passages à tabac, camions grillagés, privation de nourriture…)

Et on emploie les grands moyens s'ils sont rétifs

L'Histoire américaine qui est fertile en maltraitance des étrangers (immigrés européens cloîtrés à Ellis Island) ou des aborigènes (Indiens parqués dans des réserves) saura certainement innover dans les violences faites aux populations "indésirables", y compris avec la collaboration des anciens immigrés devenus, avec le temps, "de bons citoyens américains" électeurs de Donald Trump !

Les bus sont plus confortables mais les vitres ont des barreaux. Merci Ike !

Pourtant, les USA doivent leur richesse à ces étrangers. Et même quand ils les expulsent, il en entre d'autres, illégaux mais tolérés car ils sont indispensables à l'économie américaine. Et le cycle infernal continuera : je t'aime, je te hais. Viens, va-t'en ! Et chez nous ce n'est pas mieux : les cadavres d'immigrants viennent s'échouer sans relâche sur les plages de la Manche et de la Méditerranée. Et Retailleau va se mettre au boulot…

…Et les immigrés continueront  de venir !

 

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