LE CINÉMA : UN ART ORIGINAL SANS CESSE RENOUVELÉ

Publié le par Michel Durant

Le train des frères Lumière ne fait plus peur

Depuis 1895, avec la première séance publique du Cinématographe des frères Lumière, le cinéma est devenu l'un des arts majeurs pratiqués par les humains, certes avec plus ou moins de bonheur mais toujours avec l'intention de plaire, d'amuser ou d'apitoyer, d'effrayer ou de tranquilliser, de surprendre ou d'habituer… Le cinéma, au cours de 13 décennies, n'a cessé de se renouveler tout en creusant toujours les mêmes sillons. Bien sûr, on n'a pas fait une douzaine d'Arrivée d'un train en Gare de La Ciotat ou de Sortie de l'usine Lumière mais le remake permet aux cinéastes de donner leur propre regard sur une œuvre littéraire ou cinématographique connue ou non et enrichir sans cesse un art plutôt dénigré lors de sa naissance. Et si le train de La Ciotat effraya les spectateurs du Grand Café à Paris le 28 décembre 1895, il en fut de même pour moi quand j'assistai en 1953, au Vichy-Ciné, à la bande-annonce d'un "nouveau procédé de cinéma en relief" car les premières images furent celles d'une locomotive lancée à grande vitesse !

Elles sont libres, maintenant, Thelma et Louise !

Hier et avant-hier, à la télévision puis au cinéma Le Chardon à Gannat, j'ai connu d'aussi fortes émotions en voyant successivement trois films : Je ne me laisserai plus faire de Gustave Kervern, The Substance de Coralie Fargeat et En fanfare d'Emmanuel Courcol. Et vous me croirez si vous voulez mais je peux assurer que ce sont des sortes de remakes de Thelma et Louise de Ridley Scott, Docteur Jekill et Mister Hyde de Rouben Mamoulian, Victor Fleming, ou Jean Renoir, de La Vie est un long fleuve tranquille d'Étienne Chatilliez.

Libres aussi quand elles le décident Émilie et Lynda

Mardi à 13h35, quand je me suis calé devant la télé pour "jeter un coup d'œil" sur Je ne me laisserai plus faire en attendant l'arrivée du Télérama de la semaine, je ne pensais pas y rester collé jusqu'à la fin au point d'arriver à l'atelier poterie au moment où les autres membres étaient en train de ranger leur matériel ! Et de plus, Télérama n'était pas dans la boîte aux lettres. Mais si Yolande Moreau n'a pas le charme de Suzanne Sarandon, la détermination d'Émilie est tout aussi forte que celle de Louise face à la méchanceté et la violence humaines. Le road movie de Yolande Moreau et Laure Calamy n'est pas aussi tragique que celui  de Susan Sarandon et Geena Davis mais, même si l'on est un homme, on s'identifie rapidement aux deux femmes redressant les torts que leur ont causés leur copain, leur patron, leur banquier, leur proprio et la directrice de l'EHPAD… alors qu'elles sont poursuivies par un duo mixte de policiers aussi inadaptés qu'elles, on le saura à la fin. Un film formidable, une très belle surprise que je recommande vivement de voir sur ARTE Replay.

Sur cette photo, on ne dirait pas que Demi Moore a 60 ans en réalité !

Mardi soir, autre genre, autre remake avec The Substance pour lequel Coralie Fargeat a obtenu le Prix du scénario à Cannes en 2024. Je savais ce qui m'attendait et, sans doute par pur masochisme, je me suis quand même rendu au cinéma de Gannat pour assister à ce film d'horreur où, paradoxe pour un cinéphile, il m'est arrivé plusieurs fois de fermer les yeux (pas forcément pour les scènes les plus horrifiques). Demi Moore est Élisabeth Sparkle, vedette d'une émission d'aérobic à la télé. Elle est virée le jour de ses 50 ans par son patron qui veut "rajeunir" son spectacle. Elle se décide à s'injecter une substance qui, par une modification cellulaire de son ADN, la rendra "plus belle, plus jeune, plus parfaite". Évidemment, il va y avoir des problèmes dont je me garderai bien de fournir les détails mais je peux assurer aux amateurs de body horror que c'est Grave + Titane (de Julia Ducournau) à la puissance 10.

Thibaut et Jimmy, séparés par le RC Lens et réunis par la musique

Avec En fanfare*, si on pratique aussi le remake, on est dans la tendresse et l'émotion. Thibaut, interprété par Benjamin Lavernhe, est un chef d'orchestre de renommée mondiale qui se découvre en même temps une leucémie foudroyante et un frère inconnu (Jimmy, interprété par Pierre Lottin), adopté comme lui mais par une autre famille très modeste, qui pourra lui fournir une greffe de moelle osseuse. Le donneur a également du goût et des aptitudes pour la musique. Il joue du trombone dans une fanfare du pays minier et travaille dans une cantine scolaire… La partition est finement jouée par Emmanuel Courcol qui se plaît, comme Étienne Chatilliez avec les Le Quesnoy et les Groseille, de faire se côtoyer les deux mondes très différents de la musique classique internationale et des fanfares du Nord de la France. Apparemment, c'est plus facile d'accorder le trombone de Jimmy et la baguette de Thibaut que le Nouveau Front Populaire et Emmanuel Macron. *Toujours à l'affiche du Chardon ce jeudi à 18h, vendredi 13 à 20h30, dimanche 15 à 18h et mardi 17 à 16h.

En attendant Retailleau…

Il est bien plus ridé que Demi Moore (les soucis, sans doute).

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