CHARLIE VIT, CHARLIE VIVRA !
La Tribune Dimanche a publié un bel hommage en couverture et à l'intérieur à Charlie Hebdo
Le 7 janvier 2015, dans la matinée, en allumant la radio, j'apprends qu'un attentat vient d'être commis dans les locaux de Charlie Hebdo. "Encore des fous furieux", me dis-je, ayant en mémoire l'incendie qui avait ravagé le siège du journal trois ans plus tôt. Furieux certainement puisque c'étaient des terroristes islamistes mais pas vraiment fous puisqu'ils étaient solidement armés, qu'ils avaient bien choisi le jour de la conférence de rédaction et réussi à se faire ouvrir le local où elle avait lieu.
Aujourd'hui, Charlie Hebdo publie un numéro spécial en vente 5€
À la radio, les flashes se succèdent puis une émission spéciale ininterrompue donne petit à petit les détails de l'attentat : deux hommes ont tué douze personnes, dont huit membres du journal. C'est l'horreur et la stupeur. Les tueurs, dans leur fuite, continuent à tuer et, plus tard, un complice va tuer encore – des juifs, après des journalistes blasphémateurs – dans un Hyper Casher.
Une déclinaison collective du slogan d'origine :
Lecteur de Charlie Hebdo depuis ses débuts en 1970, je l'achète au numéro, sans vouloir m'abonner pour que le bureau de tabac où je le prends continue à l'exposer et en assurer la vente. J'y puise non seulement des informations qu'on ne trouve nulle part ailleurs mais encore l'énergie de continuer la lutte contre les injustices et les tyrannies, contre l'ignorance et la bêtise, contre la misère et l'exclusion, contre tous les racismes et toutes les religions. Chaque semaine, les caricatures de Charb, Cabu, Wolinski et consorts me comblent de joie. J'attends le mercredi avec impatience pour la sortie du prochain numéro que je dévore page après page sans oublier un seul article, un seul dessin.
Une autre déclinaison active :
Pourtant, quand j'apprends le lendemain que des manifestations de soutien au journal ont lieu partout en France avec le slogan JE SUIS CHARLIE, je n'en comprends pas le sens. Moi J'AIME CHARLIE, JE PLEURE LES MORTS DE CHARLIE, JE SOUTIENS CHARLIE mais je ne peux dire JE SUIS CHARLIE. Je place CHARLIE bien trop haut dans mon estime, dans mon amour pour ce journal et pour ses journalistes pour dire JE SUIS CHARLIE. Aussi, choisissant dans ma collection de badges le plus grand de tous j'y inscris un slogan plus modeste et plus conforme à mon état d'esprit : CHARLIE VIVRA. Et c'est le badge que désormais je vais porter le plus souvent possible. Et, 10 ans plus tard, je le porte encore pour remercier Charlie Hebdo de me permettre d'illustrer certains de mes articles avec ses caricatures.
Après tout, suis c'est peut-être le verbe suivre…
Ce soir à 20h45, sur France 2, avec Riss et Coco, 10 ans après la tuerie à Charlie Hebdo, peut-on encore tout dire ?