ALLERGIE OU INTOLÉRANCE ? MEDIATOR ÇA VA FORT !
La Fille de Brest, film d'Emmanuelle Bercot sur l'affaire du Mediator, est en ce moment sur les écrans. Construit sur le même modèle que Norma Rae, Le Syndrome chinois ou Erin Brockovich, il met en scène une femme comme personnage principal révélant un danger sanitaire devenu un scandale devant le déni des instances officielles et du fabricant.
La Fille de Brest – médecin pneumologue interprété brillamment par l'actrice danoise Sidse Babett Knudsen qui joua la politicienne de la série Borgen – sort en salles au moment où une nouvelle affaire sanitaire est signalée... Un bébé vient de mourir dans un hôpital français suite à l'ingestion de vitamine D, un médicament dont plusieurs médecins demandent la suspension depuis un certain temps.
Je viens de voir La Fille de Brest ET j'ai pris à plusieurs reprises un traitement à la vitamine D. J'ai malheureusement constaté que chaque prise coïncidait, quelques jours plus tard, avec une crise de migraine ophtalmique, phénomène très désagréable auquel je suis soumis depuis une quarantaine d'années. Je m'en suis ouvert à plusieurs médecins qui ont paru très étonnés. Ils m'ont tous déclaré qu'ils ne croyaient pas à une allergie, tout au plus ce pourrait être une intolérance individuelle très rare.
Bref, à défaut de quelque chose de grave, je constate, sur ce type de médicament administré à des millions de patients sous diverses formes, le même déni des professionnels vis-à-vis de sa dangerosité. Une attitude qui conforte la méfiance des malades à l'égard du médicament en général, attitude qui, sans jeu de mots, n'est pas saine. En effet, si une hirondelle ne fait pas le printemps, un traitement dangereux, voire mortel, ne rend pas létale toute la chaîne médico-pharmaceutique.
Il y a quand même des interrogations légitimes : Pourquoi le déni général des médecins chaque fois qu'une faille s'ouvre dans le système de soins ? Pourquoi l'application aux médicaments du principe de précaution se traduit-elle par des notices longues comme un jour sans pain et la recommandation par le corps médical de ne pas les lire ? Pourquoi y a-t-il autant de médicaments sur le marché alors que certains spécialistes conseillent d'en limiter sévèrement la liste ? Pourquoi les autorisations de mise sur le marché (AMM) sont-elles prises sans que toutes les études aient été réalisées et pourquoi ne sont-elles pas suivies obligatoirement par des enquêtes épidémiologiques sur des territoires étendus et/ou restreints ?
À ces questions, je réponds catégoriquement que le médicament n'est pas un produit comme les autres – automobiles, jouets, farine... – mais qu'il est fabriqué, comme tous les autres, par le système capitaliste dont le but principal n'est pas la santé des malades mais le bénéfice financier qu'il peut rapporter aux actionnaires des entreprises productrices. L'affaire du Mediator le prouve abondamment à plusieurs stades de son développement.
Une bonne raison de voir La Fille de Brest qui repasse ce soir à 20h30 au Cinéma Le Chardon de Gannat. Une autre bonne raison de voir ou revoir les trois films américains ci-dessus avec Sally Field, Jane Fonda et Julia Roberts, films de Martin Ritt sur la lutte syndicale, de James Bridges sur la lutte antinucléaire, de Steven Soderbergh sur la lutte contre la pollution de l'eau "potable" par du chrome hexavalent (produit retrouvé dans les années 80 sur la décharge du Mont-Libre).
Cette nouvelle "affaire" de santé publique n'en est peut-être pas une. Attendons de plus amples informations. Cependant, le décès du bébé a eu lieu à la mi-décembre et on ne sait pas encore exactement ce qui est arrivé alors même qu'à Bordeaux le centre de pharmacovigilance a décelé 93 cas d'effets secondaires indésirables en 7 ans chez des malades sous vitamine D.