IL FAUT MANGER POUR VIVRE ET NON PAS POUR MOURIR
Moi qui suis un régime alimentaire strict depuis l'âge de vingt ans, je ne passe pas d'année sans apprendre qu'un nouveau produit inondant le marché de l'alimentation – et même des médicaments – est nocif pour la santé. La Fille de Brest, film contant les péripéties mortelles du Médiator, a servi de base à un article sur ce blog, le 3 janvier dernier. Sans doute suis-je trop préoccupé par ma petite santé (Sois sage ô ma douleur et tiens-toi plus tranquille !) mais, tout de même, entre les pollutions de toutes sortes, les allergies aux pollens, l'intolérance aux œufs, aux épinards, à l'oseille, la faible résistance à l'alcool et au chocolat, je devrais forcément vivre d'amour et d'eau fraîche s'il me fallait éviter tout risque de maladie. Et encore... En effet, il paraît que l'amour – pire que le manque d'amour – peut provoquer de vilaines affections (c'est le mot) que se plaît à décrire Georges Brassens, notamment dans sa chanson Le Bulletin de santé, que la morale m'interdit de nommer ici et que maintenant la médecine, heureusement, réussit à vaincre par des médicaments ad hoc.
Mais le danger – ou le Diable – rôde. Ainsi, j'entends l'autre jour José Bové déclarer à Jean-Jacques Bourdin que certaines friandises sont toxiques car elles contiennent du dioxyde de titane. Kézaco ? C'est un produit chimique de formule Ti O2 que la nomenclature des additifs alimentaires désigne par E 171 et qu'on trouve notamment dans le chewing gum pour le rendre blanc et dans les M&M's pour les faire plus brillants, ce qui, évidemment, ne les rend pas meilleurs. José, pour ne pas décevoir ses amis, en demande le boycott : "Vous n'avez pas besoin de bouffer cette merde !" Mais, comme toujours, on n'a pas de certitudes et pour trouver des études indépendantes qui concordent, il faut attendre souvent des dizaines d'années car les lobbies de l'agro-alimentaire et de la chimie ont leurs propres spécialistes qui fournissent des études complaisantes quand ils ne sont pas eux-mêmes membres des laboratoires officiels autorisant la mise sur le marché des produits controversés.
Le dioxyde de titane sert à rendre plus appétissants les bonbons mais il contient des nanoparticules cancérigènes qu'on trouve aussi dans certaines crèmes solaires : bonbons de toutes sortes, produits bronzants dont les enfants pourraient aisément se passer. Or, grâce aux boîtes de pub, on leur fait ingurgiter, depuis leur plus jeune âge, toutes sortes de saletés sucrées et colorées favorisant les caries, on les conduit au soleil à des heures où ils devraient rester à l'ombre... Ensuite, on s'étonne qu'à l'âge adulte l'espèce humaine est frappée de cancers de la peau et des organes digestifs.
Dans l'Antiquité déjà, Hippocrate et Galien polémiquaient sur la manière de connaître et soigner les maladies vénériennes. Plus tard, on se rendit compte que le remède, par exemple les sels de mercure, était pire que le mal. Il en va de même aujourd'hui de certains médicaments ou substituts. Exemple, les diabétiques emploient des succédanés chimiques pour remplacer le sucre (saccharose) de canne. Pendant longtemps, la saccharine eut un franc succès, puis ce fut l'aspartame mais certaines recherches conclurent à sa nocivité et on vanta les produits "naturels" que sont le sirop d'agave et la stévia. Malheureusement, la nature n'est pas toujours bienveillante – le curare et les avalanches en sont des preuves – car on a découvert à ces deux substituts du sucre des inconvénients pour la santé. Notamment à cause des résidus de pesticides qu'ils peuvent contenir et surtout d'une substance chimique, la phénylalanine, dangereuse pour le foie et le pancréas, comportant des risques pour les femmes enceintes...
Faudrait-il donc se méfier de tout ce qu'on ingurgite depuis le lait de sa mère jusqu'au comprimé d'aspirine en passant par le vaccin contre la grippe ? Ben oui : si la mère fume, boit de l'alcool, ingère des produits malsains, si on est hémophile ou allergique aux sels d'aluminium. Il convient donc, malgré la taille minuscule des caractères, de lire avec attention la composition des produits alimentaires, notamment les E suivis de 3 chiffres comme E 171 et, malgré la recommandation de votre médecin, la notice de chacun des médicaments utilisés. En revanche, la consultation d'internet en la matière n'est pas d'un grand secours car, sur tel ou tel produit, on trouve tout et son contraire. Ainsi, d'un article aussi courant que la blanche pastille octogonale portant le nom de VICHY, l'un vous dira qu'elle contient de l'aspartame et l'autre non. À quoi il faut ajouter qu'on ne doit pas confondre la vraie pastille de Vichy fabriquée à Vichy par l'entreprise Moinet et la pastille Vichy produite n'importe où et n'ayant pas la même composition. Alphonse Allais vous dirait de ne pas confondre le Crédit Lyonnais et le Crédit Lionnais. Allez : Bonne année et surtout bonne santé !