LES VOYAGES FORMENT LA JEUNESSE

Non, ce ne sont pas des arbres abattus sur la voie ferrée – n'en déplaise aux tronçonneurs fous – qui ont empêché 3 Thalys Paris-Bruxelles de transporter leurs voyageurs dans la capitale de l'Europe vendredi soir. Ce sont simplement les aléas climatiques qui se manifestent sans se soucier des déclarations de Trump, de la procrastination de Hulot, des productivistes de tous poils qui polluent allégrement l'air, les sols et l'eau tout en se gargarisant de la défense de la biodiversité.

Parfaitement, les arbres en rigolent encore : des orages ont "inondé" la voie ferrée Paris-Bruxelles et bloqué les 3 Thalys en cours de route. Les passagers sont restés sans informations précises plus d'une heure avant d'apprendre qu'il faudrait retourner à Paris. Départ 20h 25 de Paris pour une arrivée prévue à Bruxelles à 21h49. En réalité, ce fut un Paris-Paris en TGV en 4 heures ! Un événement, non ? Pourtant, il est passé pratiquement inaperçu dans les médias obnubilés par le voyage du roi Macron 1er chez le tsar Vladimir IV, par les demi-finales du Top 14 de rugby, la victoire du présumé dopé au Tour d'Italie cycliste, la mort de Pierre Bellemare…

Ainsi donc, une voie ferrée où passent quotidiennement des dizaines de trains à plus de 300km/h n'a pas été prévue pour résister à quelques pluies printanières qui, pourtant se renouvellent chaque année. Il est vrai que ce sont les mêmes ingénieux ingénieurs des Ponts et Merveilles ayant construit nos centrales nucléaires si sûres qui ont mis au point le réseau ferré TGV ayant plombé la SNCF de 50 milliards d'euros de dettes. Notre société de technocrates et techniciens de toutes sortes voit son fonctionnement et son développement contrarié par la nature qu'ils essaient par tous les moyens de dompter. N'est-ce pas un juste retour des choses ?

Regardons les faits. Obligés de rester pour la nuit à Paris alors qu'ils avaient prévu de coucher à Bruxelles, près de mille passagers du Thalys ont été obligés de trouver en catastrophe un gîte dans la capitale d'un pays qui se vante d'être la première destination touristique du monde. Or, les hôtels parisiens, ce vendredi soir, étaient complets (sauf pour les privilégiés dont un parent futé avait de suite retenu une chambre d'hôtel près de la Gare du Nord !) Les autres (environ 300), malgré leur smartphone de dernière génération ont dormi dans le Thalys à défaut d'avoir anticipé les failles du "Progrès".

Eh non, ce n'est pas la grève des cheminots qui est responsable de ce gâchis : ils travaillaient. Dommage, le Premier Ministre et la presse aux ordres auraient pu encore crier à la "prise d'otages". Ce n'est même pas le service public de la SNCF puisque Thalys est une compagnie privée… dont 60% des actions appartiennent à la SNCF et 40% à la SNCBelge. Les bus Macron n'étaient même pas là pour prendre le relais. Macron lui-même, tout à la joie de fréquenter un tsar à la main de fer dans un gant d'acier, un chef qui poursuit les terroristes "jusque dans les chiottes", n'a pas eu un mot de compassion pour ces citoyens ordinaires désemparés. "Si Thalys ne fonctionne pas et que mes bus soient complets, qu'ils prennent l'avion !" aurait pu dire Macron paraphrasant Marie-Antoinette, son pain et sa brioche !

Le pire, c'est que Jupiter, maniant la foudre, est responsable de la chute malencontreuse d'arbres un peu partout. Il l'est aussi de ces inondations frappant "Les Hauts de France", cette région dont l'altitude moyenne est la plus faible de l'Hexagone après l'Île de France et dont le nouveau nom a fait rire les géographes du monde entier qui savent bien que le haut de la carte est une notion parfaitement arbitraire. Responsable des pluies et bourrasques, prompt à intervenir dès qu'il peut se mettre en valeur devant les caméras, le Jupiter de l'Élysée est resté très silencieux devant ce fait divers indigne d'être commenté par Sa Grandeur revenant de chez le Tsar de toutes les Russies.

Évidemment, si cela était arrivé à un Intercités Paris-Clermont-Fd (qui eut 6 heures de retard quelques années auparavant), la Ministre des Transports appliquant à la lettre les consignes aurait fustigé les cheminots grévistes et leur manque de civisme. Mais il ne faut surtout pas toucher au TGV, la merveille qui vous transporte de Bruxelles à Paris en moins de temps qu'il n'en faut pour un A/R Gannat-Clermont en bagnole. On ferme les "petites lignes" à tour de bras mais on préserve la merveille de technicité, le sacro-saint TGV. Sauf que le moindre caprice du temps enraye la belle mécanique et que notre petite-fille Lily fut privée d'un week-end bruxellois chez sa merveilleuse Tatie Nicole ! Ce sera pour la semaine prochaine si Jupiter n'est pas parti pour la Mongolie ou la Terre-Adélie pour s'entretenir avec les manchots… empereurs ! Tout ça à cause des cheminots belges qui réparent les rails la nuit, le croirez-vous ?