ILS N'ONT RIEN COMPRIS, RIEN APPRIS

Publié le par Michel Durant

 

Après un mois de manifestations de mécontentement populaire, le Président de la République, du haut de sa grandeur jupitérienne, a condescendu à accorder quelques miettes (10 milliards quand même qui seront, bien entendu, payés par les "nantis" de la classe moyenne) aux Gilets Jaunes. Et, malgré cette générosité de dame patronnesse, les Gilets Jaunes ne désarment pas ! Mais que veulent-ils donc ? Ils sont comme le Tiers-État en 1789 : qui n'était rien, qui voulait tout et surtout être quelque chose.

 

Édouard Philippe, lui aussi, qui trouvait les augmentations des prix des carburants nécessaires à la transition écologique (dont il se fiche comme de ses premières Pampers) a dû se renier publiquement dès les premières manifestations dans la capitale. Ce qui était nécessaire pour l'écologie est devenu indispensable… pour dégager les Champs-Élysées ! Exit le réchauffement climatique, éteignons d'abord les feux de pneus sur les ronds-points.

 

C'est une révolte ? Non sire, c'est une révolution. Mais qui en est le chef ? Il n'y en a pas, sire. Pas de chef, mais alors, c'est l'anarchie ! S'il y avait un chef, je pourrais le recevoir à l'Élysée en le faisant entrer par l'escalier de service, comme la maîtresse de Félix Faure qui l'a utilisé pour sortir après la mort du Président au cours d'une partie de jambes en l'air. Je pourrais peut-être en recevoir quelques un(e)s à Matignon, Sire. Oui, c'est une bonne idée, mon cher Édouard. Faites.

 

Seuls quelques uns sont venus. Les autres ont dédaigné l'offre. Tout en déclarant qu'ils ne représentaient qu'eux-mêmes, ces Gilets Jaunes ont réclamé au Premier Ministre que cet entretien soit filmé. Suite à son refus, ils sont repartis en réaffirmant leurs revendications : nous voulons vivre dignement de nos salaires qui sont trop bas (donc il faut augmenter le SMIC fortement et, par voie de conséquence, augmenter les autres de façon dégressive) ; nous voulons avoir droit à la parole entre deux élections (Référendum d'Initiative Citoyenne) ; nous voulons faire payer les riches : retour à l'ISF et à l'impôt progressif.

 

On vote en catastrophe et en 48h le même texte à l'Assemblée Nationale et au Sénat (la preuve que les élus de LREM et des vieux partis déconsidérés sont aux abois, ils ont voté ensemble les mesures décidées par sa Majesté Emmanuel 1er). On pense que ça va suffire à faire rentrer les Gilets Jaunes à la niche offerte par le Père Emmanuel. Mais non. Ces citoyens qui ont découvert leur puissance ne veulent rien lâcher. Selon la police, les manifestants étaient deux fois moins nombreux que le weekend précédent (on sait  ce que valent les chiffres policiers). Mais ils sont toujours là, avec toujours les mêmes revendications.

Sébastien Nadot, exclu de LREM, le seul peut-être qui restera dans l'Histoire :

Bon sang, ces hurluberlus ne respectent même pas la trêve des confiseurs ! La CGT au moins sait tenir compte des traditions. Vive les syndicats ! On pourrait peut-être les remettre en selle en négociant avec eux ? Hélas, sire, il aurait fallu faire ça l'an dernier alors que vous les avez méprisés et même ridiculisés quand vous étiez sur votre nuage. Maintenant, redescendez sur terre. Il y a le feu partout. Même un député LREM a voté contre mon budget* ! Et alors, vous l'avez embastillé. Non, Sire, la Bastille a été démolie en 1789 et les pierres vendues à des promoteurs. Nous l'avons exclu mais je crains que ça ne suffise pas à en empêcher d'autres de l'imiter. Il fallait le rouer, le guillotiner, Édouard, je ne vous ai pas nommé à Matignon pour faire des risettes aux successeurs de Mandrin. Un peu d'énergie, que diable !*Sébastien Nadot, député de Haute-Garonne.

 

Le souverain, lors de son lâcher de lest du 10 décembre, comme son prédécesseur Louis XVI, a ouvert un grand débat avec, notamment des cahiers de doléances disponibles dans les Mairies de France. On sait comment ça s'est terminé en 1789. Le roi, la noblesse et le clergé ont refusé toutes les demandes  de réformes. Le Tiers-État auquel s'étaient joints quelques députés de la noblesse et du clergé se sont constitués en Assemblée Nationale, ont voté l'abolition des privilèges et, 3 ans plus tard, renversé le roi et aboli la royauté.

 

Mais monsieur, nous sommes en République ! Ah bon, je ne l'avais pas remarqué : les privilèges sont rétablis, les puissants sont sourds et aveugles aux misères des pauvres, les riches sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres. Mais monsieur l'instruction et les soins médicaux sont pratiquement gratuits ! Oui mais, quelle proportion des enfants de pauvres parvient à terminer avec succès des études supérieures ? Euh…

 

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