LA MACHINE À DÉCERVELER EST EN ROUTE
Les blousons kaki plus aimables que les Gilets Jaunes !

Des policiers "lynchés", un Président amaigri qui se prive de vacances à la neige, des journalistes aux abois qui prennent ouvertement parti contre les Gilets Jaunes qu'ils ont tant courtisés pendant des semaines, tel est le tableau qu'on nous montre à la télévision en ce 24 décembre traditionnellement plus porté sur les chocolats et les huîtres que sur les coups de matraques et l'avenir de la dynastie macroniste.
L'équipée sauvage ?

Assurément, les journalistes qui parlent de lynchage à propos des événements du samedi 22 décembre à l'angle de l'Avenue George V et des Champs-Élysées n'ont jamais vu de lynchage, ne serait-ce que dans un western. En effet, un groupe de motards a lancé des grenades lacrymogènes sur le flanc d'un groupe de manifestants qui n'ont pas apprécié le "cadeau" et ont chargé les motards. Ceux-ci ont répliqué, l'un d'eux sortant même son pistolet. Ils ont finalement pris la fuite sous les projectiles divers. Pas de blessés, sauf une moto abandonnée par son conducteur préférant son épiderme à celui de son coursier.
Où est passé Vidocq ?

Pour qui a vu – et surtout participé à – des manifestations de rues au moment où la nuit tombe et où la plupart rentre à la maison, ceci n'a rien d'exceptionnel et ne justifie pas "les tonnes" qu'en ont fait les journalistes, les tenants du Pouvoir et, bien sûr, le Premier Ministre. Les forces dites de l'Ordre "ont fait preuve d'un grand professionnalisme, de sang-froid, de maîtrise" et bla-bla-bla. Non, justement. Pour être professionnels, les policiers n'auraient pas dû arriver à quelques motards pour balancer des grenades lacrymogènes sur un groupe important de manifestants. Selon l'avis d'un profane placé habituellement du côté de ceux qui reçoivent les lacrymogènes, les motards auraient dû être accompagnés par un groupe à pied avec boucliers. Les policiers n'ont pas manqué de courage ni d'adresse, ils ont manqué de chefs intelligents et bien placés. Ceux-ci – à commencer par le Premier Ministre – ont belle mine de leur rendre un hommage appuyé, à parler de leurs familles inquiètes (mais les Gilets Jaunes aussi ont des familles inquiètes à longueur d'année) et de profiter d'un incident banal de fin de manif pour commencer l'opération décervelage destinée à mettre fin (si possible) au mouvement de protestation populaire engagé à la mi-novembre.
Et ça ce n'est pas de la violence ?

Déstabilisé, le Président de la République s'est tourné vers l'Armée. De Gaulle, en 1968, était parti à Baden-Baden retrouver son ami, le général tortionnaire Massu, pour s'assurer de son soutien en cas d'insurrection populaire. Macron va au Mali offrir un repas de réveillon aux bidasses et poser ensuite, souriant, au milieu des convives. Il a eu des mots "gaulliens" : "C'est maintenant l'ordre, le calme et la concorde qui doivent régner" ! Mais n'est pas De Gaulle qui veut. Comme le disait, ce soir, le psychanalyste Gérard Miller, pas un seul mot sortant de la bouche du Président ne peut plus être cru, excepté par ses adeptes les plus confits en religion marcheuse. Si le Mouvement des Gilets Jaunes ne s'éteint pas de lui-même (ce que je n'imagine pas), Macron sera contraint soit à dissoudre l'Assemblée Nationale, soit à démissionner (ce dont je doute), soit à utiliser la manière forte (ce que je prédis depuis 18 mois à intervalles réguliers).
Et ça ?

Sous quelle forme ? À quel moment ? Avec quels concours ? Ce serait bien présomptueux de le définir avec certitude mais on peut aisément estimer, selon les indices apparaissant entre les déclarations de certains macronistes et les questions réitérées de certains journalistes, que samedi prochain ou bien le 5 janvier les manifestations de Gilets Jaunes seront interdites (y compris le port du désormais emblème). Les contrevenants étant interpellés, arrêtés et placés en détention, le Pouvoir risque d'être contraint d'ouvrir des stades pour y parquer les rebelles. Cela signifierait la mobilisation totale des 200 000 policiers et gendarmes, celle des forces armées et des réservistes car il faudrait contenir les manifestations des familles et amis des personnes arrêtées. C'en serait fini de l'image de la France "Pays des Droits de l'Homme". Pas sûr que le peuple français l'accepte. Pour éviter une révolte poussant son gouvernement à changer de politique, le roi Macron aurait déclenché une révolution ? Qu'il relise "La Prise de la Bastille pour les Nuls" et choisisse plutôt, dans son discours du 31 décembre – s'il ose en prononcer un – de faire un vrai acte de contrition, promette un véritable débat démocratique où tout sera sur la table, annonce son approbation du référendum d'initiative citoyenne à tous les niveaux avec un nombre raisonnable de signatures (par exemple 5% du corps électoral) et une réelle augmentation du SMIC de 20%.

Mais comme il y a longtemps que je ne crois plus au Père Noël, je ne crois pas non plus à la sagesse des gouvernants actuels. Nous n'avons plus de Cincinnatus ou de Washington, qui, une fois leur besogne pour le Bien Public accomplie, se retirèrent des affaires pour retourner cultiver leurs terres. Nous n'avons en magasin que des Macron, des Poutine, des Trump, des May… Nous devons donc nous attendre à des temps difficiles. Tout ce que je peux nous souhaiter c'est que nous compensions la défaillance de nos gouvernants par un surplus de sagesse, d'intelligence, d'énergie et de courage… sans oublier la bienveillance à l'égard de nos semblables, de nos frères animaux et de nos indispensables végétaux.