CASTAN'ERRE
Castaner regarde-t-il son passé ?

Le "Premier flic de France" qui fut, dans sa jeunesse folle un grand joueur de poker (selon ses propres termes, dans ses relations avec le milieu méridional, a été "sur le fil du rasoir") est plutôt aujourd'hui "le dernier hic de Macron". Admiratif de Manuel Valls, déçu de François Hollande, celui des socialistes qui rejoindra un des premiers Macron dans son action pour "tuer le père", fut récompensé par un poste très exposé, très rapproché, celui de porte-parole du gouvernement. Puis, après le départ de Gérard Collomb suite à l'affaire Benalla, par celui de Ministre de l'Intérieur.

Depuis qu'il occupe ce poste, Christophe Castaner multiplie les gaffes et bévues comme Gaston Lagaffe (en moins drôle) et, avec son acolyte, les déclarations à l'emporte-pièce comme les Dupont(d) d'Hergé (en plus ridicules). Macron a-t-il encore fait une erreur de casting, c'est bien possible. Monsieur Castaner a un DESS de juriste donc il le nomme à l'Intérieur. Mais ce n'est pas parce que j'ai écrit quelques petits romans policiers que je dois avoir le prix Goncourt ou le poste de Préfet de police de Paris.
Ah, la part d'ombre du Ministre de l'Intérieur !

Depuis sa nomination, Castaner erre. Il est tantôt confiant dans la police, tantôt inquiet. Il annonce une sévérité absolue mais la plupart des interpellations se terminent par des non-lieux. Il prévoit une catastrophe quand les manifestations se déroulent dans le calme. Il dénonce une attaque de l'hôpital de la Salpêtrière par les Gilets Jaunes quand il s'agit des matraques de sa police ! Certains demandent sa démission mais encore faudrait-il qu'il sache ce que doit être sa mission "assurer la sécurité des Français" et qu'il sache comment s'y prendre pour la remplir. Il semble bien que Monsieur Castaner, pour toute conscience du maintien de l'ordre, en soit resté aux westerns spaghettis : on tire dans le tas et on compte les abattis !
Dans un mois, dans un an, comment souffrirons-nous ?

Contraint de revenir sur des propos erronés sur la désormais "affaire de la Salpêtrière" – ça sentait trop la poudre – le matraqueur en chef est bien maintenant "sur le fil du rasoir" avec le risque d'être coupé du Président de la République et renié lors du prochain remaniement de juin-juillet. En sera-t-il réduit, comme Benalla, à subir les questions de plus en plus gênantes des sénateurs ou bien ira-t-il se ressourcer à Forcalquier ? Nul ne sait. Mais il est à craindre pour lui qu'il ait brûlé ses dernières cartouches. Surtout que l'incendie jaune ne s'éteint pas.
Viser juste et frapper fort, voilà la doctrine !

Hier, justement, à Gannat, sur le rond-point Sud, vers 18h, la vingtaine de Gilets Jaunes fut entourée par autant de Gilets Bleus venus contrôler leur identité. Comme l'un des contrôlés a rechigné pendant un bon quart d'heure, on a frôlé l'incident. Nul doute que s'il s'était produit, le Ministère de l'Intérieur l'aurait classé parmi les "graves troubles à l'ordre public" et que la presse, toujours pressée, aurait renchéri. En effet, quand la police charge, les manifestants empruntent le monte-charge (s'il y en a un) ou se précipitent aux urgences…
Il portera le chapeau mais rira jaune

Pour Castaner, c'est sûr, il y a urgence. Sera-t-il encore là après le 25e acte des Gilets Jaunes ? Bien malin qui pourrait le dire.