TOUT FOUT LE CAMP

Publié le par Michel Durant

10 morts à Fourmies dont 2 enfants

En ce Premier Mai 2019, je me prépare à participer à ma 50e manif de la "Fête du Travail"* (environ car j'en ai manqué quelques unes pour diverses raisons). Elle a un drôle de goût avec les rodomontades du Ministre de l'Intérieur qui, entre les pleurnicheries sur les suicides de policiers et la sacralisation de "l'Ordre Républicain", nous la joue à la Sarkozy : tolérance zéro et interdiction de manifester sur les Champs-Élysées. * C'est la Journée Internationale des Travailleurs instituée en 1890 pour réclamer la journée de 8 heures. Mais sous Mussolini et Pétain, elle se transforma en Fête du Travail tout comme la Journée Internationale des Droits des Femmes s'est transformée en Journée de la Femme ! Attention au vocabulaire, camarades. Et c'est un joli nom camarade.

 

Je vais manifester avec les rouges, les jaunes et les verts contre la politique réactionnaire menée par un Pouvoir fortement ébranlé par une révolte populaire d'une vigueur et d'une durée imprévues. D'abord sourd aux revendications, le Pouvoir a lâché un premier train de mesures en décembre et vient d'en rajouter une couche fin avril. Le "Grand Débat" n'a réussi qu'à lui faire gagner du temps mais, sur le fond, rien n'a changé. Le SMIC reste au plus bas, l'ISF n'est pas rétabli, la fraude fiscale se porte à merveille et le chômage pousse les pauvres à accepter n'importe quel boulot pourri pour survivre (j'hésite à parler de ceux qui sont radiés des listes de Pôle Emploi pour ne pas s'être rendus à une convocation qu'ils n'ont pas reçue ! Ce sera l'objet d'un autre article).

Même avec un seul œil on peut voir clair sur Macron

Plus que jamais le Premier Mai demeure une date symbolique du rassemblement des travailleurs et, plus généralement, de tous ceux qui ont de la peine à subsister avec leur maigre salaire, leur petite retraite (ce n'est pas mon cas, mais je suis solidaire), leur santé précaire, leurs factures impayées, leur compte bancaire bloqué… Plus que jamais nous devons nous montrer dans la rue, unis par delà nos divergences, rassemblés contre ce Pouvoir méprisant qui n'a pas hésité, au cours des six derniers mois, à utiliser la police et l'armée pour mater la révolte populaire. Plus que jamais, il faut ouvrir les yeux et réfléchir à la situation que vivent des millions de Français désargentés quand le luxe s'étale partout, quand Pinault et Arnaud peuvent donner,  en un instant, des centaines de millions pour réparer Notre-Dame, quand des footballeurs millionnaires marquent des buts contre leur camp… 

Ah, qu'il est loin ce joli mois de mai  !

Qu'est-ce qu'ils viennent faire ceux-là ? direz-vous. Eh bien, c'est simple. Un fan de foot, Dany Cohn-Bendit, vient de marquer un second but contre son camp, notre camp. En 2017, déjà, il avait soutenu Macron à la Présidentielle. En 2019, il soutient la liste LREM aux élections européennes. Tout fout le camp, vraiment. Ce Dany qui, en 1968, affrontait la police, tel Gavroche, se range aux côtés de celui qui envoie les policiers qui éborgnent les manifestants. C'est affligeant, consternant, presque désespérant. J'avais toujours défendu Dany contre les critiques "de dérive libérale". J'avais été sur sa liste en 2009. Au Parlement Européen, je lui avais même offert un pavé porte-crayons en céramique avec une plage ensoleillée dessous ! Quelle déchéance ! Comme le cinéaste Romain Goupil qui se répand sur toutes les antennes en louanges macroniennes, Dany Cohn-Bendit n'entend que les discours lénifiants de Macron sur "l'Europe des progressistes contre celle des Populistes". Mais on croit rêver. Macron progressiste ? C'est comme l'histoire du loup végétarien. Dany ne voit-il pas les longues dents du Président de la République qui, non seulement ont rayé le plancher des salons dorés de François Hollande mais encore s'apprête à croquer tous les acquis de la classe ouvrière, des retraités, des chômeurs au profit de ses amis du CAC 40 et des paradis fiscaux.

 

Nicolas Hulot est plus lucide que Dany Cohn-Bendit puisqu'il a quitté le gouvernement voici 9 mois. La nature est abandonnée aux appétits capitalistes, la biodiversité disparaît concrètement alors que le gouvernement en a la bouche pleine mais la tête vide. Comment d'anciens Verts peuvent-ils être aveuglés par l'hypocrisie du discours macronien qui n'est même pas capable de décider l'arrêt de Fessenheim et du glyphosate ? De Gaulle – contre lequel Dany Cohn-Bendit a combattu – affirmait que la vieillesse est un naufrage. Qu'en pense Dany qui a maintenant 73 ans (beaucoup plus jeune que moi) ?

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