HUMANITÉ : LES MOTS ONT-ILS UN SENS ?

Publié le par Michel Durant

Je crois que j'ai fait une grosse c… bêtise !

Un incident survenu à l'Assemblée Nationale la semaine dernière a montré tout à la fois le cynisme et l'amateurisme de la majorité macroniste. Lors du vote sur l'allongement de une à deux semaines (5 à 12 jours) du congé accordé aux parents lors du décès d'un enfant mineur, les députés LREM, soutenus par la Ministre du Travail Muriel Pénicaud, ont refusé la proposition de loi présentée par un député centriste. Bien entendu, cela a provoqué un tollé qui a occupé les médias ce weekend, au même titre que le coronavirus. 

Un syndicaliste gravement blessé lors d'une manif

C'est que le virus de la brutalité qu'on a vu à l'œuvre lors de la répression des manifestations populaires (gilets jaunes, réforme des retraites, réforme du bac…) contamine de plus en plus largement et profondément les rangs de la majorité présidentielle. La Ministre du Travail, Muriel Pénicaud, qui fut DRH chez Danone avant et après avoir occupé diverses fonctions de direction dans des entreprises privées où on ne fait pas de sentiment, estimait qu'il ne fallait pas augmenter la durée de ce congé car "ça risquait de pénaliser les entreprises" ! 

L'absence une semaine supplémentaire d'un salarié ne pénalisera pas son entreprise comme le prétendait la Ministre.

Outre que cette déclaration montre l'insensibilité de la personne qui la profère, elle ne correspond à aucune réalité technique. Que se passe-t-il dans une entreprise où un membre du personnel est frappé par un tel deuil. Actuellement, il a droit à 5 jours de congé pendant lesquels son travail est effectué par ses collègues (ce sera pareil pour  une semaine supplémentaire). À qui Mme Pénicaud fera-t-elle croire que l'entreprise va recruter une autre personne pour faire le travail en question ? Il n'y aura aucun frais supplémentaire pour cette entreprise (sauf à payer quelques heures sup à quelques employés dont la plupart sont prêts à travailler gratuitement pour compenser l'absence de leur camarade de travail). Mme Pénicaud a voulu être plus royaliste que le roi, plus patronne que les patrons, plus dure que les durs du MEDEF. D'ailleurs, le patronat qui ne demandait rien en la matière (alors qu'il est à la manœuvre pour la réforme des retraites) a réagi par la bouche de son président qui a demandé la tenue d'un nouveau vote sur cette question.

Humanité, quelle humanité ?

Le Président de la République a estimé que le gouvernement devait faire preuve d'humanité et reconnu une erreur de jugement. Il n'est pas allé jusqu'à faire de même pour la réforme des retraites alors que son comportement dans ce domaine relève du même cynisme et du même amateurisme que celui dont ont fait preuve les députés de sa majorité* et sa Ministre du Travail à l'Assemblée Nationale. En effet, le Conseil d'État a retoqué une partie du projet de réforme des retraites et celui-ci, plus de deux ans après avoir été lancé, en est toujours à des propositions incomplètes, controversées au sein même du gouvernement et incomprises des commentateurs et des citoyens ordinaires. *2 députés LREM ont découvert qu'ils avaient voté ce texte alors qu'ils étaient absents de l'hémicycle !!!

Cynisme, humanisme, narcissisme ? On se perd en conjectures

Le Président Macron est bien mal placé pour parler d'humanité. Il n'en a pas fait preuve pour traiter de la répression policière contre les manifestants – répression dont il est responsable –, il n'en a pas fait preuve à Angoulême en arborant cyniquement le T-shirt dessiné par Jul, il n'en fait pas preuve en refusant l'aide aux migrants traversant la Manche et la Méditerranée… D'ailleurs j'ai tendance à croire qu'une personne trop compétente (c'est ce qu'on dit du Président de la République qui peut parler pendant des heures de façon très brillante sur tous les sujets) risque de manquer d'humanité. Pour une fois, le Président vient-il faire preuve de modestie ou de lucidité ?

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