LE VIRUS DE L'ESPACE

Publié le par Michel Durant

Déjà, à mon époque, ce n'était pas très drôle de respecter les consignes

Quand j'étais élève de CM2, au cours de l'année scolaire 1946-1947, je découvris à la fois les microbes* et les BD américaines de science-fiction. Les microbes, on ne parlait que de ça et on en avait sacrément peur. On ne pouvait pas s'en prémunir en se réfugiant dans les abris souterrains comme pendant les bombardements, au contraire. Tout était menaçant : dans la classe une affiche donnait des consignes strictes dont la première était l'interdiction de cracher par terre. On attendait avec inquiétude la visite médicale annuelle et la cuti-réaction en file indienne par scarification à l'aide d'un petit scalpel de la même marque que nos plumes d'acier : Blanzy-Poure ! Dans les familles, on parlait à mots couverts d'un voisin tuberculeux dont il ne fallait pas fréquenter les enfants. L'arrivée de médicaments et de vaccins fut vécue comme une bénédiction car, en 1945, en France, on comptait encore 50 000 morts par an de la tuberculose et chacun connaissait une famille d'une personne décédée de l'horrible maladie. La peur nous encourageait à aller de porte en porte (au risque de se contaminer) vendre les timbres antituberculeux que l'instituteur nous confiait une fois l'an comme s'il nous avait chargé de secourir Roland à Roncevaux ou Jeanne d'Arc à Rouen… *Je ne confonds pas un microbe et un virus.

Ça ne m'empêchait pas de lire et relire Michaël chien de cirque de Jack London

Parallèlement, un de mes camarades de classe qui habitait Rue de Strasbourg, sur l'un des itinéraires menant à notre école, me prêtait des BD que ses généreux parents lui achetaient à profusion (Les miens ne m'offraient que des livres de la Bibliothèque Verte). Outre Les Mousquetaires du Maquis et Pim, Pam, Poum, je me souviens d'une série américaine mettant en scène des guerres interplanétaires où de méchants dictateurs de planètes lointaines tentaient d'envahir la Terre et, quand ils ne rasaient pas nos villes à l'aide de puissants rayons mystérieux, ils répandaient des microbes capables de tuer toute la population en quelques semaines avant qu'un jeune savant ne découvre un médicament-miracle avec l'aide de sa blonde et pulpeuse assistante ! 

Voilà des plumes qui n'écrivaient rien d'autre que l'avenir de millions d'enfants

Après l'école primaire, ma connaissance des microbes devint un peu plus fine mais la terreur qu'ils répandaient ne diminua pas pendant mes années de collège, au contraire. En effet, j'appris que ce foutu bacille de Koch (invention allemande !), même s'il pouvait être vaincu par le BCG (invention française !), avait tué des célébrités telles que Chopin, Musset, Modigliani, B. Soubirous, L'Aiglon, plusieurs des sœurs Brontë, Mabel Normand, Kafka, Spinoza, Thérèse de Lisieux, George Orwell, Schiller et tant d'autres sans distinction de sexes, de nationalités, de spécialités et de couleurs de peau. Et même si, aujourd'hui, on possède des médicaments et des vaccins efficaces contre cette maladie, il meurt, bon an mal an, entre un et deux millions de personnes de la tuberculose, principalement dans les pays pauvres et dans les milieux d'extrême pauvreté des pays riches. 

Ouh la la, en plus il est vert !

Cela nous ramène à l'actualité du Covid 19 et de ses variants qui, plus d'un mois après les débuts de la vaccination au Royaume-Uni, continuent à tuer invariablement les plus faibles des personnes contaminées. Les chiffres de la mortalité sont terrifiants : 430 000 morts aux USA, 220 000 au Brésil, 150 000 en Inde, 101 000 au Royaume-Uni, 74 000 en France, 54 000 en Allemagne… Les virus tuent et mutent, ils mutent et tuent. Les humains, à défaut de devenir mutants (c'est un peu plus compliqué), peuvent multiplier les vaccins. Il y a actuellement une cinquantaine de candidats vaccins proposés à l'OMS dont une dizaine prêts ou à la veille de l'être. L'expérimentation sur une grande échelle de tous ces vaccins permettra, sans aucun doute, de trouver quels sont ceux qui sont les plus efficaces sur les différentes sortes de variants. 

Et il est aussi dans Astérix !

Mais encore faudrait-il que la diffusion des vaccins ne soit pas entravée par l'esprit nationaliste et/ou l'intérêt financier, sans parler de la pagaille logistique qui a présidé au lancement de la campagne vaccinale en France. Encore faudrait-il que la découverte de vaccins (traitement préventif) par un nombre important de laboratoires de recherche, n'empêche pas les travaux pour trouver un médicament soignant la maladie déclarée (traitement curatif). Et là, ça coince. On cherche, on essaie, on traite des malades, on compare. Une dizaine de molécules au moins sont à l'essai mais hormis le traitement de cheval appliqué à Donald Trump (anticorps de synthèse), aucun n'a vraiment donné satisfaction. On a l'impression que priorité a été donnée aux vaccins car, probablement, il faudra les administrer chaque année pour prévenir la maladie, comme on le fait pour la grippe. Au contraire, un médicament efficace ne serait nécessaire qu'en cas de maladie déclarée, donc avec des populations vaccinées chaque année, beaucoup moins de candidats à l'achat d'un tel médicament. Et donc un rapport moindre (mais ce raisonnement ne peut être fait que par un esprit mal tourné comme le mien, bien entendu). L'essentiel est qu'un jour ou l'autre les populations bénéficient d'un traitement et d'un vaccin contre le Covid 19. Que cent vaccins s'épanouissent ! Que dix remèdes soient dans les pharmacies ! Que la vie reprenne !

Oumuamua (éclaireur  en hawaïen) objet volant identifié mais pas défini

Auparavant, deux mystères sont à éclaircir sur l'origine du virus : 10 experts de l'OMS sont arrivés aujourd'hui en Chine pour savoir s'il vient d'animaux sauvages ou s'il s'est échappé accidentellement du Labo P4** de Wuhan ; à moins qu'il ne provienne d'Oumuamua, objet artificiel repéré en 2017 dans l'espace, qui se comporte comme une sorte de voile qui se déplacerait grâce à l'énergie du soleil. On se doute que la communauté scientifique est fortement agitée de controverses tout autant qu'elle l'était à l'époque de Galilée affirmant que la Terre tournait autour du Soleil quand les sens (ah le bon sens commun !) et l'Église assuraient le contraire. L'astronome Avi Loeb (voir l'entretien qu'il accorde cette semaine à Télérama) ne dit pas que cet objet a transporté le Covid 19 sur la Terre (ce qui arrangerait bien les Chinois) mais qu'il ne s'agit pas d'un corps naturel et qu'en conscience, ce ne peut être qu'une production intelligente d'êtres extérieurs à notre galaxie. Bien sûr, cela reste à prouver. Mais si l'on est athée, si on ne croit pas que la Terre a été créée en six jours ni que l'humanité souffrante existe parce qu'Adam a voulu croquer la pomme, si l'on admet que notre planète a pu être "ensemencée" par des astéroïdes emportant avec eux des germes de vie, on peut admettre aussi que d'autres êtres pensants ont pu exister, à un moment donné, à un autre endroit de l'espace, produire et essaimer "des graines d'intelligence". Je n'en sais évidemment rien. Mais les écrivains de science-fiction, qui ne sont pas loin de penser aussi logiquement que les philosophes et les mathématiciens, ont su écrire sur ces thèmes beaucoup de belles choses aptes à faire rêver et espérer des générations de lecteurs.**Il y a plus de risques qu'un ouvrier se coupe un doigt dans une scierie qu'un virus s'échappe d'un Labo P4. Mais le risque n'est pas nul.

Sans commentaire

NB : Le virus du titre n'est autre que l'intérêt de l'auteur pour la Space Fantasy qu'il découvrit dans les BD de son enfance, puis dans les romans d'Edgar Rice Burroughs (qui n'a pas écrit que les aventures de Tarzan) et les films de George Lucas, James Cameron, Ridley Scott…

Rien ne se répand comme la peur

Film de Steven Soderbergh

 

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