UNE HISTOIRE MARSEILLAISE

Publié le par Michel Durant

Mes amis me croient mort car je n'ai pas alimenté ce blog depuis… disons, un certain temps.  Ce  ne  sont  certes  pas  les

Je suis même tellement vif que j'ai visité le Festival des Jardins de Chaumont-sur-Loire où j'ai attaché un fil de laine vert sur l'arbre aux souhaits !

sujets importants, passionnants et préoccupants qui manquent, c'est plutôt le trop-plein et l'arrivée en rafales de nouvelles accablantes sur lesquelles je n'ai ni prise, ni positions originales à exposer. Les talibans déferlent sur Kaboul, le GIEC confirme ses analyses catastrophiques sur le climat, la pandémie de Covid 19 fait des ravages parmi les populations pauvres qui n'ont pas de vaccins quand le Ministre de la Santé suggère aux vieux Français de subir une troisième injection…

Attendez que j'en sois à 25 ans de règne comme Gaudin et vous verrez !

Et voilatipa que notre bien-aimé Président "saute" sur Marseille comme la Légion sur Kolwezi*. Oui, à l'image de nos courageux légionnaires, Emmanuel Macron, à 8 mois de la fin de son mandat (et après 25 années de règne de Jean-Paul Gaudin sur la ville de Marius, Fanny, César) vient sauver Marseille et les Marseillais accablés par la drogue, l'insécurité et le chômage. Quel courage, quelle clairvoyance ! Il paraît qu'il y a eu 14 assassinats de jeunes dans des règlements de comptes depuis le début de l'année. Les représentants de la police locale disent que "c'est comme ça depuis des dizaines d'années et qu'ils n'y peuvent rien par manque d'effectifs, que la justice est laxiste, que les peines encourues sont trop légères". Et c'est bien ce qu'affirme aussi le Ministre de l'Intérieur, toujours aussi démagogue, toujours aussi volontariste, toujours aussi antidrogue, toujours aussi inefficace, comme ses prédécesseurs (Manuel Valls, l'un d'eux qui était encore Premier Ministre il y a 4 ans et demi, a expliqué hier qu'il fallait tout raser à Marseille) qui accompagne le Président de la République dans la cité phocéenne avec cinq de ses collègues. *Cette opération  de sauvetage d'Européens au Zaïre en 1978 (Macron était encore au biberon) fit l'objet d'un film colonialiste de Raoul Coutard en 1980.

Pas besoin d'écouter Macron pour comprendre Marseille, voyez plutôt ce film.

Pourquoi Marseille et pas Paris qui est pourtant la ville de France où le nombre de crimes et délits est le plus grand, juste devant Bobigny et l'île de Saint-Martin (où Johnny Hallyday allait en villégiature) ? Pourquoi pas Gannat où il y a eu des actes de vandalisme sur trois voitures dans la nuit de mardi à mercredi ? Pourquoi pas Lyon qui suit juste Marseille et précède Nanterre, Créteil, Nice, Toulouse, Cergy… Oui, c'est vrai, à Marseille le chômage explose, les immeubles s'effondrent, les écoles pourrissent… et l'OM est devancé par le Clermont Foot au classement de la Ligue 1 ! Vraiment tout va mal à Marseille. Apparemment, Macron vient de découvrir que les entreprises marseillaises ont licencié à tout-va, que les activités portuaires sont en déclin (il devrait voir les films de Guédiguian), que la pègre marseillaise se porte bien malgré la lutte armée que se mènent les gangs (il devrait voir Borsalino, French Connection, La Scoumoune, L'immortel…) et que les malheurs de Fanny ne sont rien à côté de ceux des filles des cités, voilées ou non.

Ici, il manque des plaques, ailleurs ce sont des lavabos… mais il y a des rats !

Je sais bien que le Président est en campagne pour sa réélection et que sa gestion de la pandémie, hasardeuse, contradictoire, tantôt autoritaire et tantôt débonnaire, ne suffira pas à emporter la décision. Son débarquement à Marseille, les bras pleins d'argent, est cousu  de fil blanc. Ses entretiens avec des mères marseillaises, dans un local clos, sans masque, s'ils peuvent provoquer quelques sourires, montrent qu'il est prêt à toutes les concessions médiatiques ainsi qu'il l'a fait avec les Gilets Jaunes, avec les maires lors de ses "grands débats" qui ont suivi la distribution de milliards tous azimuts et avec les membres des Citoyens tirés au sort dont il a finalement écarté les mesures environnementales les plus importantes. Emmanuel Macron se croit sans doute encore sur la scène du Lycée d'Amiens où le comédien amateur faisait les délices de sa future épouse. Hélas pour les spectateurs, les quartiers Nord de Marseille ne sont pas un décor en carton-pâte où circulent quelques figurants. Dans cet empilement d'HLM vivent 300 000 personnes qui ne méritent pas d'être visitées comme les habitants d'un zoo par un touriste de passage, fût il Président de la République. Ils ont besoin de dignité, d'emplois, de revenus, de services publics, de logements décents, de respect…

Dans la recette du Mandarin-citron, César compte quatre tiers, ce qui ne convainc pas Marius… La recette de Macron ne me convainc pas davantage.

Macron, bien entendu, va dénoncer le trafic de drogue, annoncer l'arrivée de centaines de policiers, promettre une nouvelle loi sécuritaire. Je doute qu'il dénonce la consommation de pastis comme il le fera pour le cannabis et pourtant, je suis sûr que l'abus d'alcool, à Marseille comme partout, tue bien davantage que celui du chichon**. Ce matin, j'entendais, sur une radio "périphérique", un énième débat sur la drogue. L'un des participants, très remonté, prétendait qu'il fallait punir plus sévèrement les trafiquants mais aussi les consommateurs "complices du trafic". Il préconisait des amendes de 5 ou 10 000€ ! Si l'on suivait son raisonnement, on devrait condamner tous les citoyens français "complices" des ventes d'armes auxquelles se livre le gouvernement français auprès de l'Arabie Saoudite, l'Égypte, le Pakistan, l'Inde qui se servent des merveilleuses machines à tuer françaises pour massacrer les populations civiles du Yémen ou leurs propres concitoyens.**Je n'ai pas écrit pétard pour ne pas prêter à confusion.

Ah s'il avait fumé un joint ce jour-là, il n'aurait pas pété un plomb !

 

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