FAUT-IL BOIRE DU BEAUJOLAIS PLUTÔT QUE DE L'EAU DU ROBINET ?

Publié le par Michel Durant

Est-il plus risqué de boire l'eau ou de tomber en tentant de boire ?

NOS agriculteurs ne se contentent plus de rouler à 25 à l'heure avec des remorques énormes ou de crépir les bâtiments publics au lisier. On apprend maintenant dans un rapport officiel rédigé par 6 inspecteurs généraux de trois ministères (Agriculture, Santé et Environnement) que les eaux de boisson sont gravement polluées par les résidus de pesticides agricoles excessivement répandus. Certes, c'était un secret de Polichinelle mais aujourd'hui, même le quotidien régional en fait une pleine page ! Il s'agit d'un rapport accablant, explosif et jusque-là confidentiel, publié le 22 novembre sur le site de l'Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS) et repris le lendemain par les médias.

La plupart des pesticides épandus sont encore présents dans les sols et l'eau des dizaines d'années après leur épandage…

Ce rapport affirme d'abord que les mesures prises par les services publics se sont montrées insuffisantes pour préserver les eaux de boisson de la pollution et que les concentrations de pesticides et métabolites* sont trop élevées. Il en tire logiquement la nécessité d'améliorer la surveillance et les contrôles (un doux euphémisme alors même que le monde agricole en effervescence se plaint de l'excès de contrôles). Il pointe la gestion problématique (encore un euphémisme) des cas de non conformité et regrette les désaccords entre les agences** européenne et française sur la dangerosité de certains polluants (notamment le métolachlore). Il reproche aux mesures curatives d'être trop coûteuses (et donc d'être souvent négligées par les services responsables) et préconise la refondation de la protection des captages dont les règles sont trop anciennes.*Les métabolites sont des  substances résultant de la dégradation des pesticides au contact des plantes qu'ils sont censés protéger.**L'Agence Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) et l'Agence Nationale de Sécurité Sanitaire e l'Alimentation ( ANSES).

Mais les eaux en bouteille sont-elles plus sûres que celle du robinet ?

À la lecture de l'article de notre quotidien régional, on se prend à rêver que le gouvernement va se saisir de cette affaire et prendre des mesures énergiques et efficaces. Par exemple, interdire immédiatement certains pesticides (les plus dangereux et les plus persistants dans l'environnement),  éloigner davantage des cours d'eaux et points de captage les zones d'épandage des pesticides autorisés, limiter les quantités et nombre de passages des épandages… Nul doute que les producteurs de ces pesticides (Bayer, Syngenta…) et les utilisateurs ne seront pas favorables à ces mesures pourtant nécessaires.

Fallet avait choisi mais fallait-il promouvoir le vin ou la littérature ?

Au moment où ce gouvernement envisage de limiter les remboursements de médicaments, il faudrait certainement qu'il pense à limiter les causes de maladies coûteuses comme la présence excessive de résidus neurotoxiques dans les eaux de boisson. Certes, la publication de ce rapport alarmant aura d'abord pour effet de pousser la population à se jeter sur les eaux en bouteille. Mais celles-ci ont été sérieusement éclaboussées l'an passé par un rapport officiel tout aussi accablant et la liste des marques incriminées serait aussi longue que celle de l'alphabet ! Devrons-nous boire du beaujolais nouveau à 3,99€ la bouteille ? Un conseil : demain lundi 25 novembre, à 21h05, France 5 diffuse un magazine de 50 minutes inédit "Qui pollue notre eau du robinet ?" Il vient opportunément illustrer la publication du rapport sur la qualité des eaux de boisson en France.

 

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