DE VETERUM UTILITATE*

Publié le par Michel Durant

De Romulus (roi légendaire) à Auguste (empereur autoritaire), Rome a connu beaucoup d'hommes (vir, viri, d'où vient virilité) illustres

En attendant le conclave qui choisira le successeur du pape François, le conclave réuni par François Bayrou pour débattre de la réforme des retraites a du plomb dans l'aile. En effet, après le représentant de Force Ouvrière, c'est une organisation patronale (l'Union des Entreprises de Proximité) qui claque la porte. C'est pourquoi je remets sur le tapis la question des retraites dont la réforme, adoptée grâce au 49-3, continue de défrayer la chronique et d'être contestée par une forte majorité "des Françaises et des Français" (comme on dit maintenant à tout bout de champ pour ne pas être accusé de faire du sexisme grammatical si on utilise seulement le nom masculin). Bref, pour en parler, du moins dans le titre, j'adopte le latin, la langue d'où proviennent la majorité des termes de notre langue et une bonne partie de sa grammaire. Et, à défaut de parler des hommes illustres*, je me contenterai de vanter l'utilité des retraités, ces personnes de toutes conditions qui ont construit le monde actuel et que certains voudraient réduire au rôle de parasites vivant au dépens des actifs.*Les malheureux enfants qui se sont escrimés sur les déclinaisons latines et la fâcheuse manie des Romains à inverser (par rapport au français) l'ordre des mots dans la phrase se souviennent certainement du De viris illustribus vantant César et Cicéron mais aussi les philosophes et généraux grecs ainsi que toutes les célébrités de l'Antiquité.

Les retraités gardent leurs petits-enfants et participent à leur éducation

Les retraités sont des "parasites" indispensables à la société. Ils font vivre les associations en assurant près de la moitié des postes de responsables de ces structures, qu'elles soient sociales, sportives ou culturelles. Leur bénévolat dans ce secteur a été chiffré à 50 milliards d'euros par an selon les études du CREDOC quand le total des pensions de retraites est de 350 milliards d'euros. Ajoutons qu'ils sont le groupe d'âge qui contribue le plus aux dons aux associations. Au risque de me faire gronder pour excès de "corporatisme", je dirai que les retraités s'occupent de leurs petits-enfants pendant les vacances scolaires ou après l'école, aident aux devoirs, financent tout ou partie des dépenses de logement quand ceux-ci sont étudiants.

La plupart des responsables d'associations sont des retraités… très actifs

Les retraités achètent de préférence des produits français et participent ainsi à l'emploi, de même qu'en partant à la retraite ils libèrent des emplois pour les jeunes générations. Ils transmettent à celles-ci des valeurs acquises au cours de leur existence, valeurs qui sont souvent exemplaires pour les jeunes. Les retraités paient des impôts (la TVA, l'impôt foncier) s'ils ne sont pas tous imposables sur le revenu ; ils font isoler leur maison et font travailler les entreprises locales ; ils salarient eux-mêmes des emplois à domicile ; ils surveillent leur quartier et contribuent à la sécurité publique ; ils rendent visite aux personnes handicapées et assurent une part de l'aide dont celles-ci ont besoin ; les retraités sont des bibliothèques vivantes, disponibles en permanence et gratuites…

Seuls des retraité(e)s peuvent témoigner des déportations de la Seconde Guerre Mondiale

Si on repousse encore l'âge du départ à la retraite à 65, 67 et même 70 ans (sous le prétexte de financer les dépenses militaires ou d'investir dans les nouvelles centrales nucléaires), il faut s'attendre à manquer d'emplois pour les jeunes générations, à voir disparaître la plupart des associations car les "nouveaux" retraités seront trop âgés pour les encadrer. Ces retraités seront aussi en moins bonne santé et coûteront plus cher en dépenses sanitaires : ce qu'on aura gagné pour les caisses de retraite on l'aura perdu pour la Sécurité Sociale. C'est la politique de Gribouille qui consiste à se jeter à l'eau par crainte d'être mouillé par l'averse. Après avoir lu les bienfaits que les retraités apportent à la société, vous imaginez bien que je suis partisan du retour à 62 ans pour le départ à la retraite et même à 60 ans pour les professions les plus pénibles. Si Macron, Bayrou, Pinault et toute la clique** veulent travailler jusqu'à ce que l'infarctus ou l'AVC les arrête, grand bien leur fasse ! Mais qu'ils n'obligent pas les autres à les imiter.**À condition qu'ils ne se mêlent plus de gouverner le pays.

Est-ce pour célébrer la victoire ou pour battre en retraite ?

 

 

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