J'ACCUSE
Zola n'est pas seulement un écrivain, il défend un innocent :
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Si j'étais Zola, j'accuserais bien le Président de la République de tenter de manipuler l'opinion pour redorer son blason terriblement terni par des promesses non tenues, des décisions absurdes, des reniements continus. Son agitation actuelle en faveur de l'Ukraine (alors qu'il s'est montré pour le moins timide à l'égard de son agresseur russe au début de la guerre) et pour le réarmement de la France (qui n'est plus seulement démographique) ajoute de la panique à l'inquiétude avec des bruits de bottes à tous les étages. Selon lui, il faudrait accepter tous les sacrifices (réforme des retraites, baisse des revenus, hausse de l'inflation…) pour faire face aux menaces (réelles) de l'impérialisme poutinien favorisé par l'abandon de l'ami américain.
Le capitaine d'artillerie Alfred Dreyfus
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Mais je ne suis pas Zola et je me contenterai de parler du film de Roman Polanski sur l'Affaire Dreyfus que France 3 diffusait lundi soir. Je l'avais vu au cinéma de Gannat lors de sa sortie en 2019 et je voulais revoir ce sérieux travail historique avec le paradoxe d'y trouver un chef des services secrets français antisémite (comme la quasi totalité de l'État-major) luttant contre sa hiérarchie pour innocenter le juif Alfred Dreyfus condamné au bagne à perpétuité pour haute trahison. Interprété par Jean Dujardin, le colonel Picquart qui n'accepte pas l'injustice faite à Dreyfus est lui-même mis en accusation par ses chefs, démis de ses fonctions et envoyé en mission en Afrique pour le faire taire. Mais cette affaire dans l'affaire ainsi que la publication du fameux texte d'Émile Zola J'accuse, publié dans le journal L'Aurore, amènera une révision du procès de Dreyfus, condamné à nouveau à 10 ans de réclusion, suivi d'une grâce gouvernementale et, finalement, Alfred Dreyfus fut innocenté, réhabilité et réintégré dans l'armée. Le colonel Picquart devint Ministre de la Guerre de 1906 à 1909 !!!
Le colonel Picquart découvre l'innocence de Dreyfus
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Mais cette affaire divisa profondément le pays à une période qui ressemble furieusement à la nôtre. Le film montre comment la France fut le lieu de manifestations antisémites de grande envergure préfigurant ce qui se passa en Allemagne dans les années trente avec la prise du pouvoir par les nazis. Quarante ans avant l'Allemagne, la France connut des brasiers pour brûler les livres des écrivains dreyfusards, des émeutes antisémites, des étoiles à six branches peintes sur les magasins tenus par des juifs et leurs vitrines brisées. Il y eut même, à l'Assemblée Nationale, un groupe de députés antisémites !
Manifestation antidreyfusarde contre Zola sortant du Palais de Justice
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À la suite de la diffusion du film de Roman Polanski, lui-même juif d'origine polonaise, la chaîne France 3 programmait le documentaire On n'oubliera pas Beaune-la-Rolande 1942. Dans ce village du Loiret de 2000 habitants, 1500 juifs raflés à Paris en juillet 1941 sont parqués dans des baraques en bois sous la surveillance de gendarmes français. Plus tard, les enfants qui avaient été séparés de leurs parents sont à leur tour envoyés à la mort. Le récit d'un survivant qui s'est échappé du camp (il vient témoigner dans les établissements scolaires) et les témoignages d'habitants du village ayant assisté à cet épisode du génocide des juifs (par la complicité active de l'État Français de Pétain-Laval-Darlan et autres criminels collaborateurs des nazis) sont particulièrement touchants et instructifs. On peut le voir en replay.
Un gendarme français surveillant le camp de Beaune-la-Rolande
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Certains politiques que je ne citerai pas pour ne pas leur faire de publicité ne cessent de parler de la violence (bien présente, hélas) pour justifier leurs pratiques policières et faciliter leurs ambitions. Ils voudraient faire croire que c'était mieux avant. Mais au XIXe siècle, on s'égorgeait tout autant, sinon plus à tous les coins de rues. Quant à la situation politique confuse, cela ne date pas d'aujourd'hui car, au XIXe siècle trois présidents de la République se sont succédé en moins de 5 ans : Sadi Carnot assassiné en 1894, Casimir-Périer démissionna en 1895 et Félix Faure mourut en 1899 (dans les bras de sa maîtresse… à l'Élysée). Émile Loubet, successeur de Faure, est agressé sur l'hippodrome de Longchamp et Paul Déroulède tente un coup de force sur l'Élysée. Au XXe siècle, démission de Paul Deschanel en 1922 pour raisons de santé mentale et, en 1932, assassinat de Paul Doumer. Alors, ce "brave" Macron suivra-t-il l'un de ces exemples ? Deux assassinats, deux démissions, une mort de plaisir.
Les témoins de l'assassinat de Paul Doumer transportent le blessé à l'hôpital où il décédera
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