APRÈS LA GUERRE COMMERCIALE, LA 3e GUERRE MONDIALE ?

Trump brandit le tableau de déshonneur avec le sadisme d'un proviseur fou

Trump s'est livré hier à ses fanfaronnades habituelles mais sur un sujet nouveau, l'élévation des droits de douane à des niveaux inattendus et fixés selon des considérations irrationnelles. 185 pays seront surtaxés uniformément de 10% et certains seront surtaxés sur cette surtaxe : du Trump pur sucre ! Ainsi, le Royaume-Uni fera partie des privilégiés à 10% mais l'Union Européenne (qui arnaque les USA, c'est bien connu) écope de 39%, la Chine 67% et le Cambodge 97%… Les économistes défilant sur les médias avançaient des méthodes de calcul à la Trump toutes aussi étonnantes les unes que les autres. En regardant le tableau à colonnes brandi par le businessman de la Maison Blanche avec la fierté du golfeur qui vient de faire un put gagnant, je me suis demandé un moment si ce spectacle était réel ou bien si c'était un gag réalisé avec l'Intelligence artificielle par un média démocrate destiné à ridiculiser Donald Trump. Mais, en changeant de chaîne et en écoutant les commentaires  des journalistes, je me suis rendu compte qu'il s'agissait bien du "vrai" Trump et pas d'un clone virtuel.

Quoi, une surtaxe sur les maillots de  foot ?

Surtout qu'un moment plus tard, sur toutes les chaînes, un autre président, un certain Macron, probablement PDG d'une firme d'équipements sportifs, venait défier Trump en assurant que l'Union Européenne allait réagir fermement par une hausse identique des droits de douane sur les produits américains. On va voir ce qu'on va voir ! Chaque champion montre ses muscles avant d'engager vraiment le bras-de-fer car, en coulisse, on négocie des petits arrangements pour obtenir un  avantage pour son cognac ou son scotch, ses bagnoles ou ses composants électroniques, son uranium ou ses terres rares…

Tout ça pour ça ?

L'embêtant avec ces faux sportifs c'est que leurs pratiques ressemblent fort à celles de leurs prédécesseurs des années trente. Déjà, à la sortie de la Première Guerre Mondiale, alors que les droits de douane américains étaient de 24%, ils étaient passés à 38% en 1922 (sans doute pour "soigner" les conséquences économiques de la crise sanitaire de grippe espagnole). La crise financière de 1929 déclencha d'autres mesures protectionnistes aux USA dont le Président Hoover fixa  des droits de douane à 52% sur 20 000 produits importés. De nombreux états firent de même avec, en plus, des dévaluations prétendument compétitives. Ces mesures favorisent le repli sur soi, le nationalisme, la haine du concurrent qui devient l'adversaire à abattre par tous les moyens. Et quel meilleur moyen que la guerre ? D'ailleurs, dans ces  années funestes, les pays où le nationalisme s'exacerbe avec les pressions économiques (Allemagne, Italie, Japon, URSS) se réarment furieusement ce qui se traduit notamment par la rupture des relations internationales et des annexions violentes (Tchécoslovaquie, Éthiopie, Mandchourie).

En Mandchourie, les Japonais expérimentaient les méthodes de la guerre totale : on sait comment ça s'est terminé

On ne peut affirmer que des augmentations de droits de douane entraînent mécaniquement la guerre mais on ne peut s'empêcher d'y penser tant les éléments rassemblés aujourd'hui ressemblent à ceux des années trente. Certes, les organismes internationaux qui existent aujourd'hui (pour combien de temps ?) ainsi que la connaissance des livres d'histoire par les dirigeants ont permis, notamment dans la crise financière de 2008, d'éviter un grave conflit militaire mais les temps changent. Quand d'une part l'ONU est incapable d'arrêter la guerre en Ukraine à cause du droit de veto de la Russie et l'OMC reste muette face aux manipulations de Trump et que d'autre part les présidents russe et américain réécrivent l'Histoire de leur pays, on peut s'attendre au pire. N'est-ce pas Jean Jaurès qui, quelques jours avant son assassinat et le début de la Première Guerre Mondiale, déclarait : "Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l'orage" ?

L'invasion de l'Ukraine par les Russes : on sait comment ça a commencé mais pas comment ça va se terminer