PROLIFÉRATION DES SANGLIERS : LES ÉCOLOS DOIVENT PAYER

Publié le par Michel Durant

Les sangliers sont partout : ici dans la Baie du Mont Saint-Michel !

C'est du moins ce qu'a prétendu le Président des chasseurs de l'Allier lors de leur Assemblée Générale annuelle. Très en colère, "véhément" selon la journaliste Stéphanie Ména, ce Président aurait même "sonné le tocsin" comme on fait en cas de guerre. Oui, assurément, la guerre est déclarée. Contre les sangliers qui prolifèrent et ravagent prés et champs cultivés ? Contre les sangliers qui provoquent des accidents de la  route et obligent ces pauvres chasseurs à tuer plus qu'ils ne voudraient dix mois sur douze les suidés sauvages "abreuvant ainsi de sang impur les sillons" de France et de Navarre ? Non, non et non, ils ne tuent pas les sangliers parce qu'ils sont en guerre contre eux mais parce que ça leur fait plaisir de les tuer et de les manger. Un plaisir qui leur coûte cher (le timbre grand gibier est passé de 4 à 15€), le permis, les cartouches, le fusil, le (ou les) chien(s), la tenue camouflée, le gilet orange fluo… À quoi il faut ajouter la facture de 715 000€ pour indemniser les agriculteurs (qui sont parfois ou souvent chasseurs) victimes des dégâts aux champs de céréales. 

Là, ils ravagent un rond-point, sans s'inquiéter de la circulation automobile

Ils sont en guerre contre les écolos ! En fait, c'est dit beaucoup plus habilement. Je cite le Président des Chasseurs de l'Allier, un sacré gaillard : "Nous voudrions mettre face à leurs responsabilités financières les gens qui refusent la  chasse…" Suivez mon regard même si l'emploi du conditionnel reste prudent. D'ailleurs le Président continue, cette fois à l'indicatif : "Pour la 1e fois, la Fédération de l'Allier intente une action judiciaire contre un refuge sans chasse à Urçay." 

Ici, ils sont tranquillement installés sur le gazon d'une résidence

Il y a 1 million de chasseurs en France (qui ne chassent pas tous le sanglier) sur 68 millions d'habitants. Les chasseurs tuent en moyenne 800 000 sangliers par an mais la population de suidés sauvages continue d'augmenter et leurs nuisances aussi (sans parler des accidents et des nuisances de la chasse). Le Président des Chasseurs de l'Allier se plaint que la population de chasseurs baisse (217 en moins depuis 2020) et même s'ils chassaient tous les jours de l'année, il est à parier que la population de sangliers se maintiendrait à un niveau insupportable pour les humains dont la prolifération et la colonisation des espaces naturels où évoluaient les sangliers* autrefois conduit à une cohabitation conflictuelle. *L'éradication quasi totale de leurs prédateurs naturels (lynx et loups) a favorisé le développement de l'espèce.

Plus on en tue, plus il faut en tuer !

Pourquoi en est-on arrivé là et que faire ? Dans les décennies 60 et 70, avec les remembrements dévastateurs et les élevages de sangliers destinés à repeupler certains territoires, avec le métissage de sangliers mâles et de truies domestiques pour augmenter le nombre de marcassins par portée (la truie est plus prolifique que la laie), malgré la diminution des espaces naturels disponibles, la population de sangliers est passée en 60 ans de moins de 100 000 individus à plus d'un million ! "En 68, on prélevait 30 000 sangliers par an contre 860 000 aujourd'hui !" précise le Président des Chasseurs de l'Allier. Et devant ce triste bilan, que propose-t-il ? De faire payer les écologistes responsables de tous les malheurs de la Terre !!!!

Ces animaux "sauvages" suivent docilement l'éleveur qui les nourrit

J'ironiserais bien mon propos en disant que je me lève la nuit pour nourrir les sangliers des environs et que je surveille les battues pour recueillir et élever les marcassins orphelins afin de les relâcher plus tard et augmenter les populations de ces pauvres mammifères, nos semblables, nos frères en cochonneries. Mais le Président des Chasseurs de l'Allier, si j'en juge par ses déclarations, serait bien capable de m'intenter un procès pour élevage de "nuisibles". Pourtant, selon La Montagne du 18 avril 2025, la Ministre Pannier-Runacher déclare sans rire que les chasseurs et agriculteurs ne sont pas "une population menaçante" alors que plusieurs sites de l'Office Français de la Biodiversité ont été récemment dégradés tout comme l'avaient été le bureau de Dominique Voynet en 1999 et le siège d'Allier Nature en 2000. L'incompréhension, la malveillance et le dénigrement semblent bien présider aux relations entre chasseurs et écologistes. Les chasseurs (qui mènent en ce moment une intense campagne de propagande dans les écoles) se prétendent les meilleurs écologistes de France. C'est leur droit. Les écologistes, qui n'ont pas pour seul horizon la disparition des chasseurs, revendiquent le droit pour les Français de tout âge et de toutes conditions à circuler dans la nature sans risquer d'être pris pour un sanglier par l'un des audacieux nemrods**. Personnellement, je ne suis pas opposé à la chasse et aux chasseurs. Je réclame seulement pour les non-chasseurs (qui sont plus de 98% de la population française) le droit et la possibilité d'évoluer librement et en sécurité dans leur pays. Or, selon un sondage récent (mais faut-il croire les sondages ?) 89% de la population considèrent que la chasse pose des problèmes de sécurité. Pourtant, même si je le regrette, il n'y a pas 89% d'écologistes en France…**Dans l'Antiquité grecque, bien avant Astérix, on chassait le sanglier à l'épieu, et Hercule, lui-même, en tuant le sanglier d'Érymanthe en Arcadie, y accomplit l'un de ses fameux 12 travaux.

De moins en moins de chasseurs, de plus en plus de sangliers : c'est l'impasse

Dans le discours menaçant du Président des Chasseurs de l'Allier, il n'apparaît aucune proposition concrète pour réduire la population de sangliers (en dehors d'en tuer de plus en plus quand c'est le nombre de chasseurs qui diminue sans que les écologistes y soient pour quelque chose***). Une solution existe qui est expérimentée dans certains pays depuis 2016 : la stérilisation à l'aide d'une substance nommée le GonaCon efficace pendant quatre ans. Une étude menée dans ces pays prévoit que traiter 30% des sangliers conduirait à la réduction de 70% de leur population en 10 ans. Bien entendu, une telle pratique n'est pas non plus sans risques car, on l'a vu avec les élevages de sangliers ou avec l'introduction de la myxomatose en Australie pour limiter les populations de lapins, on ne manipule pas impunément la nature. C'est un principe sur lequel tous les gens sensés pourraient s'entendre.***Les accidents liés à la chasse sont très nombreux (141 lors de la saison 2019-2020, l'année où un jeune homme de 25 ans qui coupait du bois dans sa propriété à 100m de sa maison près de Cajarc, dans le Lot, a été tué par un chasseur débutant participant à une battue aux sangliers) dont, en majorité, les victimes sont des chasseurs !

Une idée à creuser, non ?

Il y aurait bien cette autre idée : rabattre les sangliers sur des plages à algues vertes. En effet, le procureur de la République de Brest vient de déclarer en mars 2025 que le sanglier trouvé mort en septembre 2024 avait bien été asphyxié par les émanations d'hydrogène sulfuré (H2S) produites par des algues vertes.

 

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