LE BAL DES FAUX CULS

Publié le par Michel Durant

Ils seraient 500 000 électeurs de gauche à avoir voté à la Primaire de la droite et du centre. Ce sont les instituts de sondage qui l'affirment ! Vu les résultats qu'ils annonçaient et ceux qui se sont affichés, ces électeurs "de gauche" étaient peut-être 10 000, 50 000 ou un million... Idem pour des électeurs FN sauf que ceux-ci seraient beaucoup moins nombreux. Toujours est-il que les uns et les autres ont produit le même effet : TSS. Tout sauf Sarkozy mais pas pour les mêmes raisons. Les premiers parce qu'ils ne veulent plus voir sa sale bobine et entendre les mêmes inepties d'un "agité du bocal" affligé de tics et de tocs. Les seconds parce qu'ils craignaient un face-à-face Sarkozy-Le Pen au second tour  de la Présidentielle, l'ex-Président s'alignant sur les positions marinistes pour siphonner l'électorat frontiste.

Cette hypothèse me semble farfelue ou alors ce qu'on appelle la gauche est encore plus déboussolée qu'il n'y paraît avec un Président sortant qui n'a pas encore dit ce qu'il allait faire, un Premier Ministre qui piaffe, des socialistes frondeurs dont la fronde n'a ni la puissance ni la précision de celles de David, un Montebourg dont l'intéressant programme est contestable sur l'Europe et léger sur l'Écologie, un PCF dont une frange importante refuse de se rallier à Mélenchon et celui-ci qui a peu de chance d'accrocher le second tour sans les Verts et sans le PCF. Quant à Macron, ses bus doublent les lignes SNCF ou ont des horaires impraticables. 

Idem pour la participation d'électeurs du FN. Mais on ne parle pas de l'influence des réseaux sociaux où s'expriment sans contrainte et sans arrêt les opinions les plus extrémistes, notamment celles de la Manif pour Tous. Influence qui, par nature, est difficile à mesurer, d'autant plus que cette élection se situe à l'intérieur d'un parti politique pour ce qui est des candidats (sauf le Poisson qui n'était pas dans l'eau). Hier soir, on a entendu à longueur d'antennes que la surprise n'en était pas une pour les sondeurs (ben voyons) et que les Français avaient choisi (attention 4 millions de Français, ce n'est pas les Français, ce sont des Français de la droite et du centre, et c'est moins  de 10% des électeurs français) François Fillon comme prochain adversaire de Marine Le Pen au second tour de l'élection présidentielle !... Il s'agit bien là d'une intox de première grandeur. Si, comme tout l'indique d'après ce premier tour, c'est Fillon qui est désigné comme champion de la droite et du centre, il aura une tâche extrêmement difficile car c'est la frange la plus motivée, la plus réactionnaire, la plus calottine et la plus anti-européenne qui est venue voter. Il faudra au candidat convaincre le reste de l'électorat de droite et du centre  – européen, moderne, libéral (au sens des mœurs), sinon écolo du moins attaché à la protection de l'environnement – qui constituera le gros  des troupes lui permettant de passer le seuil des 50% des exprimés... Et c'est pas gagné avec un François Fillon père de famille nombreuse catholique, ami du pape Benoît XVI, partisan de  la Manif pour Tous. Car, avant d'affronter le second tour, il faudra passer le premier ! Avec une multitude de candidats à gauche ce n'est pas de ce segment de l'électorat que viendra le danger (à moins que la primaire de la gauche soit un succès aussi grand que celui d'hier) mais plutôt du centre avec un Macron aussi chanceux que Fillon et/ou un Bayrou qui saurait capter une partie de l'électorat socialiste comme Hollande avait séduit une partie de l'électorat centriste en 2012, lui permettant de l'emporter sur Sarkozy.

Après nous avoir bassiné pendant des mois sur un second tour Juppé-Sarkozy à la primaire de la droite et du centre, les sondeurs se répètent pour la Présidentielle du printemps prochain. Mais qu'est-ce qui va les arrêter de se  tromper et de nous tromper ? Cet enfumage permanent est-il compatible avec la démocratie ou bien la démocratie n'est-elle pas soluble dans les sondages ? Si les sondages n'avaient pas existé, on aurait peut-être eu une surprise (pas sûr) mais on n'aurait pas fait de tels commentaires sur cette énorme surprise et sans doute aurait-on tout de suite débattu des éléments programmatiques des deux candidats restants. Or, c'est bien ce qui aurait dû compter en premier lieu pour le choix des électeurs.

Le débat du second tour entre les deux candidats restants devrait permettre de montrer les quelques différences qui existent entre eux. Ils appartiennent au même parti, ce sont deux anciens Premiers Ministres, l'un de Chirac, l'autre de Sarkozy, ils veulent faire des "réformes" de droite, l'un à la pelle et à la brouette, l'autre à la pelleteuse et au camion. Exemples : Juppé veut supprimer 250 000 fonctionnaires, Fillon 500 000, le Maire de Bordeaux veut passer des 35h hebdomadaires à 39h quand le député  de Paris veut aller jusqu'à 48h ! Jusque-là c'est assez clair mais là où ça se complique c'est avec le soutien de l'ex-Président Sarkozy à celui qu'il a nommé chef du gouvernement et a maintenu pendant les cinq ans de sa Présidence. En effet, Fillon a passé toute sa campagne à taper à tour de bras sur Sarkozy afin de le devancer pour être présent au second tour : il a dénoncé les promesses non tenues, le bilan calamiteux, l'augmentation de la dette, ses mises en examen... Maintenant, il devrait être difficile pour Fillon de s'exonérer du bilan du quinquennat sarkozyste ou alors, je ne comprends rien à la Constitution de la Ve République qui précise : "Le Premier Ministre dirige l'action du gouvernement qui détermine et conduit la politique de la nation." Et comment nommerait-on un homme qui n'assume pas ses responsabilités dans la conduite des affaires publiques ? Un dégonflé ? Non, ce n'est pas écrit dans la Constitution mais c'est exactement ce que je pense. Quant à un ex-Président qui soutient celui qu'il a sans cesse méprisé quand il était Premier Ministre au point de le traiter de "simple collaborateur", je dirais que  c'est  un faux-cul rejoignant la  cohorte des journalistes qui, hier soir, alors qu'ils n'avaient rien vu venir ont affirmé que Fillon avait fait une très bonne campagne, commencée depuis longtemps, qu'il avait décliné son programme avec précision en publiant deux livres (qui a jamais cru qu'on gagnait une élection en écrivant des livres ?), qu'il était l'anti-Sarkozy avec sa coupe de cheveux de séminariste, sans écarts de langage, toujours marié avec la même Pénélope n'étalant pas sa vie privée dans les magazines...

Bref, la droite et le centre nous ont réservé des surprises au premier tour, quelles seront celles du second : moins ou plus de participation, un appel de Chirac à voter Juppé, l'annonce que Fillon a  couché avec Brigitte Bardot dans sa jeunesse, des fraudes entachant la Primaire à Neuilly, la victoire sur le fil d'Alain Juppé car le soutien de Sarkozy à Fillon était du même type que celui de Chirac à Giscard en 1981, c'est-à-dire comme la corde soutient le pendu !

1-Juppé (le meilleur d'entre nous) et Chirac en 1990.

2-Juppé et Chirac heu-reux !

3-Pénélope et son mari au Vatican en 2009.

4-Un prince arabe et son épouse voilée.

5-Le Président et son Premier ministre courant... du même pas.

6-La clé du succès : une perruque. Chauve qui peut !

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