AGRICULTURE : TROP DE CONTRÔLES. QUELS CONTRÔLES ?

Tout le monde veut du concret

La Montagne de ce 6 février fait très fort pour relancer ses messages en faveur du monde agricole qui, malgré sa forte diminution numérique, représente une bonne partie de son lectorat. Sa Une titre "Ils veulent du concret" et montre un éleveur de bovins de l'Allier dans sa tenue de travail,  devant un animal de son cheptel. Les pages 2 et 3 sont entièrement consacrées à cet élevage de bovins dans le centre du Bourbonnais ainsi qu'à une interview du Président de la Fédération Nationale Bovine à la veille du Congrès National de cette organisation professionnelle qui se tient à Vichy les 7 et 8 février prochains.

Limousines heureuses au pré même quand ce n'est pas dans le Limousin

Un éleveur de vaches limousines du Theil a répondu aux questions d'un journaliste de La Montagne. Il se plaint de ses 70h  de travail par semaine pour un revenu de 1000€ par mois, des normes, de la paperasse et des contrôles. Il craint les sanctions qui pourraient l'obliger à "baisser le rideau pour de bon". S'il ne dit pas combien il a de vaches allaitantes sur son exploitation de 230ha c'est peut-être à cause des contrôles ou simplement parce que ça va ça vient et qu'on n'est pas à quelques unités près. Sauf que ces foutus contrôles… Dommage que ni à la télé, ni dans les journaux, on n'explique pas les normes et les contrôles. On répète à satiété trop de normes, trop de contrôles (mais c'est la même chose dans toutes les professions) sauf qu'on n'a jamais d'exemples concrets alors que, justement, les paysans réclament au gouvernement du concret !

En Haute-Loire aussi, on marche sur la tête

Dans l'interview du Président de la Fédération Bovine, sur la même page, on peut lire la phrase : "Il faut donc amplifier les contrôles" et, plus loin : "Cela suppose des contrôles extrêmement sévères" ! Ainsi les éleveurs de bovins refusent les contrôles pour eux et leurs bêtes mais en exigent de plus sévères pour les éleveurs et les animaux d'autres pays. C'est le cas de le dire : "On marche sur la  tête" et on peut mettre à l'envers les plaques d'entrée des villes et des villages. Il faudrait parler clair et justifier des contrôles identiques pour tous les échanges internationaux, et admettre des contrôles de plus en plus stricts sur la qualité des productions, l'innocuité des intrants, la réduction de l'emploi des pesticides (autrement nommés produits phytosanitaires), limiter les transports du bout du monde et au bout du monde…  

Il faut des normes internationales et des contrôles internationaux égalitaires

Mais cela ne se réglera pas par le blocage des routes et autoroutes avec les tracteurs. Bien au contraire, cela se fera par des négociations entre les gouvernements sur des bases égalitaires fondées sur les principes établis dans les COP successives pour limiter la production de gaz à effet de serre afin d'éviter les dérèglements climatiques qui ruineront définitivement la vie sur Terre et rendront bien vains les discours et les manifestations agricoles.

Il y a des paysans heureux : incroyable mais vrai !

Ce 6 février 2024 (90e anniversaire des émeutes d'extrême-droite à Paris qui firent 15 morts et plusieurs centaines de blessés), La Montagne continue en page 26 par un reportage quasi idyllique intitulé "Des salariés devenus patrons". La journaliste a interviewé deux anciens salariés maintenant  exploitants agricoles en GAEC dans le Puy-de-Dôme. L'ex-routier et l'ancienne vétérinaire ont profité du départ à la retraite de deux couples de paysans pour gérer une ferme de 70 vaches laitières avec un cahier des charges strict (dont ils ne semblent pas se  plaindre). L'ex-vétérinaire fait de la prévention pour ses vaches et aussi de l'ostéopathie à domicile pour chiens, chats, chevaux et vaches. Installés depuis deux ans en zone AOP saint-nectaire, ils ont l'air heureux. Le malheur n'est pas toujours dans le pré !

Il y a même des peintres heureux à la campagne : bonnards !