TOUT VA BIEN

Publié le par Michel Durant

Le nuage de Tchernobyl s'est arrêté à la frontière française !

À l'heure où l'on enterre Chirac, une coïncidence me fait revenir sur l'un des accidents technologiques les plus graves des temps modernes, celui de Tchernobyl, survenu le 26 avril 1986 au temps où Jacques Chirac était le 1er Premier Ministre de cohabitation sous la présidence de François Mitterrand. Surtout qu'en même temps vient de se produire l'incendie de l'usine Lubrizol à Rouen et que, curieusement, on assiste aux mêmes pratiques de dissimulation de l'information. Avec, toutefois, des adaptations à la modernité ambiante sachant qu'aujourd'hui, n'importe quel quidam, avec son smartphone, peut communiquer, filmer, commenter l'événement dans l'instant sur la Toile et qu'il est plus difficile aux responsables politiques de tricher avec la réalité comme cela a été le cas en 1986.

Le nuage de Rouen a franchi la frontière belge !!!

Quand Tchernobyl explose, c'est la Glasnost  gorbatchévienne à Moscou. Mais la vérité (pravda en russe) et la transparence (glasnost) c'est destiné aux gogos. Il y a officiellement 2 morts (2000 disent les Américains). En réalité, la catastrophe fera 47 morts directs, immédiats, et environ 4000 au cours des années suivantes. Le nuage radioactif qui s'étend sur toute l'Europe "ne franchit pas la frontière française gardée par une nouvelle ligne Maginot" : la magique parole du Professeur Pellerin du SCPRI (Service Central de Protection contre les Rayonnements Ionisants). Chirac est à Tokyo avec Mitterrand pour le sommet des chefs d'État occidentaux et il peut se livrer aux délices du haïku : Un nuage passe, Ça me dépasse, Tout va bien !

Tchernobyl après l'explosion

Pasqua est Ministre de l'Intérieur, Carignon de l'Environnement, Madelin de l'Industrie et tous ces gentils camarades s'organisent avec la collaboration de Sarkozy, délégué interministériel aux énergies, pour faire en sorte que les Français ne cèdent pas à la panique  et ne deviennent pas écolos au point de rejeter la sacro-sainte politique électro-nucléaire de la France. Jean Petit, au nom du Commissariat à l'Énergie Atomique (CEA), assure que la France est à l'abri d'un accident du genre de Tchernobyl. On se demande pourquoi il veut rassurer les Français puisqu'il n'y a aucun danger.

Lubrizol après l'incendie

À Rouen, 33 ans après Tchernobyl, 18 ans après l'accident d'AZF à Toulouse, 8 ans après Fukushima, on nous refait le coup du "Circulez, y'a rien à voir". Madame Buzyn, Ministre de la Santé : "L'air est pollué mais il n'y a pas de polluants anormaux dans les prélèvements effectués". Madame Borne, Ministre de l'Écologie et des Transports : "L'état  de l'air a sa qualité habituelle". Ce qui fait dire à David Cormand, Secrétaire National des Verts : "La gestion du drame de Rouen est scandaleuse  et humiliante". Et Chirac n'en dit pas plus aujourd'hui qu'au moment de Tchernobyl mais il a une excuse !!!

Tout va bien, tout va bien, tout va bien…

Bien sûr Rouen n'est pas Tchernobyl, mais on voit bien que le système reste le même. Les autorités mentent ou font silence et quand elles ne peuvent plus se taire, elles minimisent et évacuent les problèmes, au besoin en en créant d'autres et en trouvant des boucs émissaires. C'est la chape de plomb, semblable aux sarcophages (attention, un sarcophage n'est pas d'un mangeur de Sarkozy) dont on a enveloppé les ruines du réacteur ukrainien qui ont coûté la bagatelle  de 2 milliards d'euros.

Tout va bien, bonnes gens, dormez en paix…

LUBRIZOL est un site Seveso haut. Comme il en existe 705 en France, dont 2 dans l'Allier (All'Chem à Montluçon où il y a eu un incendie en mai dernier, et Adisséo à Commentry). Ces sites sont très surveillés mais, on le voit, quand un accident se produit, il y a de graves conséquences sur les populations environnantes, surtout à cause à l'urbanisation grandissante qui conduit à ce que certains sites qui, à l'origine, étaient en périphérie, se retrouvent aujourd'hui en pleine agglomération. Une fois de plus, l'Homme est responsable des dégâts survenant dans l'environnement humain. Et Pierre Perret, dans ses chansons Tout va bien et Le Monde change, avait tout compris, tout dit, et beaucoup mieux que moi : Le monde change, comme c'est étrange : les pauvres phoques enlèvent leur froc pour courir plus vite, l'usine dépose son écume rose, les pétroliers déroulent aux mouettes une drôle de moquette, on manque de sous pour la recherche contre le cancer, heureusement qu'on en a pour les centrales nucléaires…

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