JE DÉCONFINE SUR DEUX ROUES

Pour ma retraite, notre ami Jean Nicaud m'avait gentiment caricaturé sur ma bicyclette

Le gouvernement l'a décidé : il faut déconfiner. Le peuple avait mal accepté le confinement, il accepte mal les conditions du déconfinement. Pensez donc, le foot professionnel ne reprend pas en France alors que des matchs ont déjà été disputés en Allemagne ou vont l'être en Espagne, Grande-Bretagne et Italie. Certains dirigeants sont contents : leur club menacé de descendre en division inférieure y échappe par une astuce comptable : il y aura 22 clubs en 2e division au lieu de 20 ! D'autres qui comptaient être mieux classés et participer à des coupes européennes en 2021 sont mécontents car ils voulaient profiter des 10 matchs restants pour améliorer leur classement. D'autres, enfin, comme le Clermont Foot, voudraient que les matchs de barrage aient lieu pour espérer monter en première division. Tout ça pour le respect des règles sportives, évidemment, n'allez surtout pas croire que ces braves propriétaires de mollets agissent ainsi pour des motifs financiers.

Dans les années 50, sur les pavés parisiens, se disputait la course des livreurs de journaux

Le Tour de France cycliste, lui, est simplement reporté de deux mois. Il aura lieu – si le coronavirus le permet – en septembre. Ainsi, les élèves reprendront l'école pendant que les cyclistes monteront les cols ! Je pourrai les regarder au frais, tranquillement, sillonner les routes de l'hexagone à des vitesses défiant celles des vélos électriques. Mais, dès maintenant, grâce au déconfinement et au printemps chaleureux, je peux goûter aux joies de la bicyclette, la petite reine des sujets de Sa Majesté Emmanuel 1er.

Avant le départ de la randonnée électorale, le vélociraptour règle les derniers détails

Déjà, en plein hiver d'une douceur printanière, j'avais pu participer à un vélociraptour électoral avec mes petits camarades de la liste Gannat Transitions. Nous en avions même profité pour inaugurer la piste cyclable verte de la route de Clermont ! Mais ce n'était qu'une mise en jambes et l'occasion de vérifier le bon état de ma vieille bécane qui me véhicule dans Gannat depuis plus de 50 ans. L'occasion aussi de puiser dans ma collection d'images destinées à promouvoir ce merveilleux et indémodable vélo qui n'a cessé de se perfectionner depuis un siècle et demi.

J'aime le tandem !

Car le Grand Bi et le Vélocipède des débuts (pour ne pas remonter à la Draisienne) ont changé et, en évoluant, ils ont changé la vie des utilisateurs. Si tous les cyclistes n'ont pas les performances des Géants de la Route vantés par les journalistes sportifs et décrits par Albert Londres dans son ouvrage "Tour de France, Tour de souffrance", beaucoup de cyclistes amateurs entretiennent leur corps par des entraînements dominicaux de longueurs importantes de plus de 100km (de quoi dépasser la distance autorisée pour se déplacer au début du déconfinement).

Vélo rouge, écharpe rouge, piste verte, casquette noire : rien que de belles couleurs

Je n'en suis pas là et si autrefois je n'hésitais pas à faire 30 ou 40 km autour de Gannat, de préférence dans la plaine, aujourd'hui je me contente d'aller acheter le pain, Charlie Hebdo, des médicaments (pas des drogues pour imiter Armstrong qui gagna 7 Tours de France gavé comme un poulet aux hormones) et poster mon courrier non électronique. Le vélo, véhicule non polluant, silencieux (j'ai même remplacé ma sonnette par un grelot rappelant le son charmant des charrettes tirées par la jument de pépé), plus rapide que la marche à pied et moins encombrant que l'automobile, est LE GAGNANT de la lutte contre le coronavirus.

Heureusement, tous les vieux vélos ne sont pas dans l'état de celui de Jacques Tati, le facteur de Jour de Fête.

Chacun fait réparer le vieux vélo qui rouillait au fond de la cabane de jardin. Le gouvernement donne une aide de 50€ pour les réparations chez un professionnel. Les fabricants proposent de nouveaux modèles mais la production ne parvient pas à satisfaire le flot de demandes. Les Français n'hésitent plus à acheter des vélos à assistance électrique que l'État et les collectivités locales subventionnent à hauteur de 20% du prix d'achat. Certes, on est loin des 5 milliards d'aide à Renault mais il y a une vraie volonté de favoriser enfin l'usage de la bicyclette en France. 

Voilà de quoi concilier l'emploi et la lutte contre la pollution !

Il ne reste plus que deux choses à faire pour que les Français se mettent ou se remettent au vélo : réaliser un réseau important de pistes cyclables sûres et éduquer les automobilistes au respect des cyclistes. Un partage de la route équitable et le port du casque obligatoire (le masque contre le virus, le casque contre l'autobus). 

Combiner le vélo et la marche à pied dans un circuit court : bê c'est une méthode écolo !

Et ça, c'est une autre paire… de pédales ! En effet, si certaines villes (comme Grenoble qui s'est dotée d'un réseau de 300 km de pistes cyclables) font des efforts louables pour permettre aux cyclistes d'utiliser sainement et sûrement leur bicyclette, d'autres comme Gannat (lanterne rouge en la matière) se contentent de promouvoir les courses cyclistes professionnelles (sauf que le départ d'une étape de Paris-Nice à Gannat fut perturbé par ce foutu virus qui ne respecte rien !)

La vélorution est en marche !

Pourtant, l'association Nature Vivante et Les Verts Gannat ont proposé depuis plus de vingt ans aux municipalités successives un plan simple et peu coûteux de pistes cyclables Nord-Sud et Est-Ouest. Le maire actuel, plutôt que de consulter les Gannatois sitôt son intronisation faite, ferait mieux de rechercher dans ses tiroirs les propositions des écologistes pour améliorer la circulation (on parle aujourd'hui de mobilité) dans la ville. Quelques pots de peinture, judicieusement employés par le personnel municipal, suffiraient pour aménager les premiers kilomètres. Et l'on pourrait bientôt voir les Gannatois guillerets siffloter "Quand on partait de bon matin… à bicyclette".

Les photos noir et blanc sont de Robert Doisneau