BIODIVERSITÉ, RURALITÉ, MOBILITÉ, TERRITOIRES, LA NOVLANGUE DE LA POLITIQUE FRANÇAISE

Publié le par Michel Durant

Pendant que maman prépare la soupe, papa, pépé et le fiston tuent le gibier

Ces mots anciens remis à la mode, vidés de leur sens originel, sont devenus indispensable aux discours politiques de ceux qui ont détruit la biodiversité des territoires de notre pays et multiplié à l'excès les modes de déplacement nécessités par l'hyper-ruralité. Concentrer un maximum de population sur une portion de plus en plus faible d'un territoire artificialisé (les villes) et vider une partie de plus en plus grande du pays  (la campagne) où sera pratiquée une agro-industrie de plus en plus mécanisée nécessitant un minimum de main d'œuvre est le but recherché par les gens qui nous gouvernent. 

Libres de regarder les mêmes âneries publicitaires, les mêmes fake news

La novlangue est celle qui est employée par le Pouvoir de Big Brother dans 1984, le célèbre roman de politique-fiction de George Orwell. Elle est résumée par les trois slogans du Parti : La guerre c'est la paix, la liberté c'est l'esclavage, l'ignorance c'est la force. L'auteur, communiste antistalinien, y décrit une société totalitaire où chacun doit faire ce qu'on lui ordonne, est surveillé en permanence par des écrans-caméras et par la Police de la Pensée. George Orwell explique par ailleurs que "Le langage politique est conçu pour que les mensonges paraissent vrais et les meurtres respectables". Pas besoin de roman pour se rendre compte qu'on est en plein dedans quand on écoute Trump, Poutine, Johnson, Erdogan, Macron et tous leurs semblables qui n'ont comme seul objectif la conquête du pouvoir et sa conservation. 

Chacun sa petite niche biologique et la biodiversité sera bien gardée

La biodiversité fut d'abord utilisée par les scientifiques pour désigner l'ensemble du monde vivant sur notre planète, un monde dont l'équilibre garantit la survie*. Rapidement employé par les écologistes pour expliquer les dangers que les pollutions faisaient courir à de nombreuses espèces menacées de disparition, ce mot fut récemment appliqué à tort et à travers pour masquer, chez les ravageurs, leur politique destructrice. Aujourd'hui, alors que la biodiversité terrestre se restreint à une vitesse grand V, les discours officiels, tout comme les prospectus des Office de Tourisme, mettent de la biodiversité partout comme on met du ketchup dans le hamburger ! *L'amour pour toutes les créatures vivantes est le plus noble attribut de l'homme (Charles Darwin)

On se souvient de la force tranquille avec  son clocher, il ne  manque que la Semeuse

La ruralité s'étend de même qu'on construit des hypermarchés au point qu'on parle même d'hyper-ruralité ! Les formules imagées fourmillent : la diagonale du vide, la désertification, les zones blanches… Les remembrements sauvages des années 60-70 ont ravagé les campagnes et uniformisé les paysages. On n'a pas pu raser les collines mais on les cultive jusqu'à leur sommet. Ainsi, les tracteurs de plus en plus gros peuvent à loisir s'y renverser pour écraser leur conducteur (qu'à cela ne tienne, grâce à la 5G on aura bientôt des tracteurs robots dirigés depuis des ordinateurs). Les haies ont disparu, le bocage ressemble à la Limagne, la Limagne à la Beauce et la Beauce à un immense terrain de sport où les joueurs sont des moissonneuses-batteuses nombreuses comme les panzers de Guderian. On s'en doute, les mêmes dirigeants qui ont accru la désertification se proclament les plus fervents défenseurs de la ruralité, des producteurs qui nous nourrissent avec des produits "de qualité", des chasseurs (se proclamant premiers écologistes de France) qui "régulent" une faune d'élevage relâchée à la veille de l'ouverture !

Encore faut-il pouvoir choisir

La mobilité des villes n'a rien de commun avec la mobilité des champs. En ville, on peut se déplacer à pied ou à bicyclette. À la campagne, le moindre déplacement doit se faire en voiture. Le médecin, le pharmacien, le dentiste, le supermarché, le garagiste… sont au moins à dix kilomètres du petit village qui n'a plus, ni Poste, ni épicerie, ni marchand de journaux… ni bistrot ! La pandémie a quelque peu écorné la nécessité des déplacements car on a vu, que par obligation de santé publique et de sécurité personnelle, on pouvait télétravailler. Les campagnards obligés de se déplacer pour bosser dans une banque découvraient qu'ils pouvaient gérer les comptes des clients en restant chez eux tout comme ceux-ci pouvaient se passer d'aller à la banque. On envisage sérieusement de supprimer des ensembles de bureaux en ville pour les transformer en logements. Vive le virus !

Conjonction de novlangues

Les territoires : le top  du top du vocabulaire à la mode de quand ! Ce mot moyenâgeux n'avait guère plus cours sinon pour distinguer la carte du territoire comme l'écrivain Michel Houellebecq. Mais, après avoir été beaucoup employé pour désigner des portions urbaines privées de services publics, il est revenu tel un boomerang pour parler en général de parties de la France rurale manquant de tout. Manques évidemment bientôt comblés si les populations délaissées votent pour ceux qui les ont mis dans la m.... Monsieur Castex, avec son accent rocailleux et des sanglots dans la voix, sait si bien parler des territoires que les foules rurales abandonnées par ses prédécesseurs devraient prochainement se presser dans les isoloirs pour voter en faveur des listes de LAREM.

Il n'y a même plus de vaches dans les champs pour regarder passer le train !

N'en doutons pas, les ravageurs de la nature seront les meilleurs défenseurs de la biodiversité, les promoteurs du TGV prétendront favoriser les petites lignes ferroviaires (voir la Une de La Montagne du 22/09), les partisans de l'agro-industrie qui édifient des silos gigantesques et des entrepôts d'engrais chimiques (polluants quand ils n'explosent pas) seront les parangons de la ruralité idéale. Et tout ce beau monde nous promettra de soigner les territoires comme il guérit les malades du Covid 19. Ah, le beau pays que voilà ! Douce France, cher pays de mon enfance…

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