C'EST BON POUR LE MORAL ?

Publié le par Michel Durant

La centrale nucléaire de Civaux est à l'arrêt jusqu'au printemps.

En cette période d'incertitude sanitaire, d'inquiétude politique, de malaise social, alors que les pronucléaires de tous bords (centre, droite, extrême-droite) tentent de relancer le nucléaire avec la complicité de la majorité des médias, les deux centrales nucléaires de Civaux et de Chooz sont mises à l'arrêt "pour des raisons techniques" par EDF et ne rouvriront qu'au printemps. Pour être au courant, si j'ose dire, il faut bien chercher car les chaînes d'information en continu, tout comme les chaînes télé dominantes et les quotidiens régionaux (à part ceux de la région concernée) ont gardé un silence complice sur ce qui pourrait bien être le début de la fin du nucléaire civil en France.

Plus de nuages de vapeur d'eau à Chooz…

Civaux est une centrale atomique de deux réacteurs produisant 1495 mégawatts chacun (quand ils ne sont pas à l'arrêt pour entretien ou panne) située au bord de la Vienne à 30km au Sud-Est de Poitiers. Mise en service en 1997, elle est la plus récente du parc nucléaire français. Chooz*, sa "sœur", a été mise en service l'année précédente avec un potentiel productif de 1500 Mw pour chacun de ses deux réacteurs. Elle est implantée dans  un méandre de la Meuse à la frontière belge à 30km au Sud de Namur.*Sur le même site, un précédent réacteur mis à l'arrêt définitif en 1991 est en cours de démantèlement depuis 30 ans…

Le monument élevé à la mémoire des morts de Tchernobyl

Les pannes à répétition du parc nucléaire français démentent l'affirmation des nucléophiles selon lesquels le nucléaire est "parfaitement pilotable". L'accident nucléaire de Tchernobyl a prouvé malheureusement que les pilotes avaient des failles** encore plus grandes que les fissures des tuyaux de leurs centrales. Non seulement le nucléaire serait fiable, maniable mais encore il produirait de l'électricité de façon considérable jour et nuit quel que soit le temps (contrairement au solaire et à l'éolien) mais c'est du baratin sans fondement. En effet les pannes à répétition et la révision des centrales font que la production d'électricité n'est que de 25% de la capacité théorique du parc nucléaire. De plus la baisse du débit des cours d'eau destinés à refroidir les centrales (baisse qui va s'accentuer dans l'avenir avec le réchauffement climatique), contraint EDF à réduire ou même arrêter la production d'électricité de certains réacteurs. **On nous explique doctement que c'est à cause du régime politique de la Russie et que ça ne pourrait pas arriver dans un pays démocratique comme la France… Mais la manière dont a été gérée la pénurie de masques montre que le Pouvoir en France est capable de mentir grossièrement et que s'il est capable de mentir sur un sujet aussi banal que les masques anti-Covid il l'est encore plus certainement sur un sujet aussi important que la sécurité des centrales nucléaires.

La construction de l'EPR de Flamanville : de quoi faire flamber nos factures

Une autre fable a cours chez les nucléocrates : le nucléaire est bon marché et grâce à lui les Français ont une électricité régulière, pas chère, décarbonée et indépendante. Pour le prix de l'électricité, il suffit de regarder sa facture pour voir qu'il n'en est rien. Et c'est bien normal quand on sait que la construction de l'EPR de Flamanville (toujours pas terminée) a coûté 4 fois plus cher que prévu et quand le démantèlement de la centrale de Brennilis en Bretagne (fermée depuis 1986) ne sera pas terminé avant 2039. En fait, depuis quelques années, le coût du nucléaire ne cesse d'augmenter quand celui des énergies renouvelables ne cesse de baisser. Quant à la "décarbonation" et à l'indépendance, j'ai déjà exprimé dans de précédents articles ce que j'en pensais, je n'y reviens pas.

Le site des Bois-Noirs : sous l'eau calme, des déchets radioactifs dangereux.

Macron veut nous mettre des centrales nucléaires partout (mini ou maxi) pour pouvoir éclairer davantage nos rues la nuit, pour alimenter nos voitures électriques, pour faire tourner nos ordinateurs, nos grille-pain et nos aspirateurs, pour assurer notre indépendance énergétique… mais aura-t-on assez d'uranium pour les alimenter ? Faudra-t-il aller faire des courbettes auprès des gouvernants du Kazakhstan et du Niger, s'excuser auprès de ceux d'Australie, renoncer à nos relations culturelles avec les Québécois indépendantistes ou relancer l'exploitation de mines d'uranium en France ***? Mais l'avenir n'est pas là. Il est dans les économies d'énergie en développant des transports publics moins énergivores, dans l'isolation thermique des immeubles existants, dans la construction d'immeubles à énergie positive et, bien sûr, dans le développement des énergies renouvelables : solaire, éolien, géothermie, méthanisation…***Il y a 210 sites d'exploitation de mines d'uranium en France, tous abandonnés, le dernier en 2001. Ils laissent derrière eux de graves séquelles chez les mineurs et des monceaux de stériles radioactifs (par exemple à St Priest-Laprugne). On connaît encore des sites inexploités (par exemple à Coutras, en Aquitaine, 20 000t de potentiel), mais avec un coût d'exploitation très élevé et un rejet justifié et massif des populations locales.

Yannick Jadot en campagne électorale sur une éolienne en Loire-Atlantique

Les Verts ont une politique énergétique très claire. Toujours opposés au nucléaire, ils veulent en réduire l'importance actuelle progressivement, au fur et à mesure que les réacteurs atomiques actuels deviennent obsolètes. Avec l'âge, leurs pannes fréquentes sont répétitives et dangereuses et, statistiquement, si on continue à les faire fonctionner 10, 20, 30 ans de plus que prévu lors de la construction, il y aura un accident majeur en France. De plus, on ne sait pas gérer les déchets nucléaires dangereux pour des milliers, voire des centaines de milliers d'années. Nous sommes donc partisans d'abandonner peu à peu les centrales nucléaires en compensant leur disparition par des énergies renouvelables dans le mix énergétique. C'est aussi la position de l'ADEME (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie), de Greenpeace, des Amis de la Terre et de centaines d'associations de défense de la Nature regroupées au sein de France Nature Environnement.

L'avenir de l'éolien est en mer

Quelques mots sur l'éolien attaqué de toutes parts en même temps que Macron veut relancer le nucléaire (soit disant décarboné). Ses adversaires y voient le Diable mais les écologistes n'y voient pas le Bon Dieu. Les Verts pensent que l'on peut développer largement les éoliennes sans nuire aux paysages et aux populations. Il est faux de dire qu'elles sont bruyantes, qu'elles tuent en masse les oiseaux, qu'elles contiennent de l'amiante****… et autres dangers imaginaires. Au pied de la première éolienne de l'Allier implantée à Saulzet, on entend moins "le bruit" des pales que celui de la D 2009, pourtant situé à plus d'un kilomètre. Les éoliennes tuent des oiseaux mais bien moins que les automobiles et que les lignes à très haute et moyenne tension (ainsi, averti par un agriculteur local, je me suis rendu au pied d'un pylone de la ligne 20 000 volts route d'Ébreuil où j'ai compté cinq rapaces morts grillés !) Contrairement à l'affirmation de certains anti éoliens, il n'y a pas d'amiante dans les éoliennes car l'amiante est interdit en France depuis 1997 et en Europe depuis 2005. Toutes les activités humaines sont polluantes. Les éoliennes aussi. C'est pourquoi les Verts n'ont pas l'attitude imbécile qui consisterait à accepter tous les projets de parcs éoliens sans tenir compte de leurs effets réels sur l'environnement naturel et humain. C'est ainsi que nous avons soutenu récemment le parc éolien de Bransat-Laféline mais combattu celui de la Forêt des Colettes en nous basant sur le dossier d'enquête publique. Nous avons agi de même pour les projets de microcentrales hydrauliques sur la Sioule à St Germain-de-Salles (pour) et Ébreuil (contre).****Les pales des éoliennes sont constituées de matériaux de  synthèse et de résine, tout comme les bateaux de plaisance, les planches à voile et les pédalos…

Rénovation d'un moulin à vent. Il y en avait des dizaines de milliers en France.

Un des amis de monsieur Macron, Stéphane Bern, à la tête de la Mission du Patrimoine, fait la quête pour rénover les anciens moulins à vent. En même temps, il veut faire disparaître les éoliennes. Où est la logique sinon qu'il prend les éoliennes comme Don Quichotte prenait les moulins à vent pour des géants dangereux ? Voudra-t-il rénover les centrales nucléaires fermées ou bien y organisera-t-il des visites guidées en souvenir du Professeur Pellerin, le fameux scientifique qui bloqua le nuage de Tchernobyl à la frontière franco-allemande ?

C'est vrai que ça ne dénature pas le paysage, hein Monsieur Bern !

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article