LA DÉMENCE DU BOXEUR

Publié le par Michel Durant

 

On pourrait parler aussi de la démence de l'instituteur, du docteur, du facteur, de l'ingénieur avec raison et même avec déraison. Mais ici, il s'agit d'un livre que je viens de terminer et qui est une excellente découverte. Depuis que j'ai fini de rédiger et corriger mon dixième livre dont la parution est prévue pour le début de l'année 2022 (année érotique ou pugilistique ?) je lis beaucoup : 2 à 3 livres par semaine, selon l'épaisseur et l'intérêt. Je dois La Démence du Boxeur à l'achat très bon marché d'une dizaine de livres à la brocante de la Médiathèque de Gannat qui en retire chaque année un certain nombre de l'inventaire pour permettre à d'autres d'entrer dans ses rayons.

François Weyergans

La démence du Boxeur (Prix Renaudot en 1992) est un livre de François Weyergans, auteur belge, Prix Goncourt 2005 pour Trois jours chez ma mère également critique de cinéma et réalisateur de films. Élu à l'Académie Française en 2009. À ma grande honte, malgré tous ces titres de gloire, je n'avais jamais rien lu de lui ! Le mal est réparé aujourd'hui.

30% des boxeurs ont des troubles neurologiques précoces

On cherchera vainement des combats de boxe dans ce livre et pourtant, il s'agit bien d'une réalité qui touche aussi certains autres sportifs (rugby, football, hockey sur glace…) qui sont victimes de chocs violents répétés et terminent très mal leur vie avec des maladies neurodégénératives. La Démence du Boxeur est en fait le titre du film réalisé par le personnage principal du livre de Weyergans, Melchior Marmont, producteur de films, qui a connu Griffith, Dreyer, Mack Sennett, Chaplin, Cecil B. DeMille, Sjöström, Hitchcock, Max Ophuls, Peter Ustinov, Jean Renoir… qu'il cite tout au long du livre : "Une tarte à la crème doit toujours atteindre le visage d'une autre personne que celle à qui elle était destinée" (Mack Sennett) ou encore "Sur ma pierre tombale, je veux qu'on grave : voilà ce qui arrive aux méchants garçons." (Alfred Hitchcock) ou bien "Des femmes auxquelles j'ai déclaré que Picasso, s'il les avait vues, aurait renoncé à inventer le cubisme" (Peter Ustinov). Et aussi un florilège de références à une multitude de films quand ce n'étaient pas des citations. Un vrai grand plaisir pour quelqu'un qui aime le cinéma, surtout quand Weyergans cite la fameuse réplique finale de Certain l'aiment chaud de Billy Wilder "Nobody's perfect !"

Le cinéaste porte sa caméra comme une kalachnikov avec laquelle il ne tue pas mais donne la vie

François Weyergans, amoureux du cinéma, répondait à une interview d'Anne Diatkine publiée dans Libération du 9 mars 2011 que sa  scène fétiche était dans La Mort aux trousses, le dialogue entre Cary Grant et Eva Marie Saint au wagon-restaurant et son film préféré La Garçonnière, de Billy Wilder, pour la virtuosité de ses dialogues. Comme on le complimentait à la publication de La Démence du Boxeur, un éloge du cinéma qui se mourait, Weyergans répondit : "Pas du tout ! C'est quelqu'un qui meurt avant le cinéma." Et c'est bien vrai : Weyergans est mort en 2019 alors que le cinéma est toujours bien vivant !

Personne n'est parfait sauf Billy Wilder, Marilyn Monroe & so on…

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