POUR SE VACCINER CONTRE LES FÊTES NAPOLÉONIENNES DE VICHY

Publié le par Michel Durant

Ils vont crever de chaud les amoureux de Napoléon III !

Vichy va vivre à l'heure du Second Empire ce week-end. C'est le quotidien régional qui l'annonce. La ville qui a connu la dévastation météorologique la semaine dernière va voir débouler un autre désastre, historique celui-là, la réhabilitation du Second Empire, des moustaches de Badinguet, des crinolines des cocottes et du sinistre ministre de l'Intérieur Morny. Si la météo, à nouveau, avec le thermomètre montant à 38 degrés, ne vient pas troubler la "fête", je vous suggère trois vaccinations efficaces contre le bonapartisme : lire La Débâcle d'Émile Zola, venir au bal Mabille vêtu en ouvrier, imaginer que Macron  est capable de faire comme Napoléon le Petit si les urnes ne lui sont pas favorables.

Le Paris des ouvriers, éventré par Haussmann, permettra aux troupes d'Adolphe Thiers d'éventrer les ouvriers de la Commune de Paris.

Des vaccinations bien utiles pour lutter contre l'idéalisation du Second Empire représenté le plus souvent dans les livres scolaires de l'école primaire comme une période faste pour la France : le développement économique, la modernisation de la capitale par le baron Haussmann, le soutien à la guerre d'indépendance italienne. Hélas, on oublie l'essentiel : cette période a commencé par un coup d'état contre la République mené par le Président de la République lui-même et s'est terminé par une défaite humiliante, coûteuse en vies humaines et en dépenses considérables ainsi que par la perte de l'Alsace-Moselle.

Un ouvrage indispensable, d'un ancien député socialiste du secteur concerné

Pourquoi et comment ce coup d'état ? Élu pour un mandat de 4 ans non renouvelable, Louis-Napoléon Bonaparte n'obtient pas du Parlement une modification de la Constitution sur ce point. Le 2 décembre 1851, il fait arrêter les principaux leaders républicains, fusiller, emprisonner, condamner, déporter les opposants et, dans la foulée, voter une nouvelle constitution qui lui donne un mandat de dix ans, mandat qu'il transformera quelques mois plus tard en un titre d'Empereur ! L'Allier qui va fêter Napoléon III pourrait se souvenir que le département a connu 852 arrestations* suite au coup d'état qui se sont traduites par 13 déportations au bagne de Cayenne, 257 en Algérie, 6 condamnations à mort et 5 aux travaux forcés, entre 5 et 20 ans. (Sur ce sujet, on lira avec profit les ouvrages de Georges Rougeron La Terreur bonapartiste dans l'Allier et de François Colcombet La République nous appelle).*27 000 en France, 32 départements en état de siège, 10 000 personnes déportées, 239 au bagne de Cayenne, 70 députés républicains proscrits dont Hugo, Schoelcher, Raspail, Nadaud, Quinet…

L'horreur de la guerre dans toute sa splendeur littéraire

Dans un discours à Bordeaux, à l'automne 1852, à la veille d'un nouveau plébiscite pour l'élever au rang d'empereur, Louis-Napoléon Bonaparte déclare : "L'empire, c'est la paix." Et pour le prouver, il mènera sept guerres en 19 ans, guerres qui dureront au total 20 ans ! La dernière contre la Prusse est contée dans toute son horreur par Émile Zola. Alors même que le Maréchal Lebœuf, Ministre de la Guerre, avait affirmé : "Nous sommes plus forts que les Prussiens", en quelques semaines, le conflit se termina par le désastre de Sedan où furent faits prisonniers l'empereur, le maréchal Mac-Mahon, 39 généraux, 2400 officiers et 80 000 soldats. Il coûta 10 milliards de francs-or ! Merci Napoléon III. Vichyssois qui participerez aux fêtes de ce week-end, pensez-y !

Le seul point "positif" du Second Empire : exilé, Hugo a pu continuer son œuvre

 

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