UNE LÉGITIMITÉ NULLE ?

Publié le par Michel Durant

Une lecture indispensable : un cadeau à faire à notre très cher Président

Le Président de la République a déclaré récemment que "la foule n'avait pas de légitimité face au peuple qui s'exprime à travers ses élus" (encore faudrait-il que ces élus s'expriment par un vote, ce qui n'a pas été le cas sur la réforme des retraites). Pas avare de déclarations provocatrices, monsieur Macron a dû "sécher" ses cours d'Histoire prodigués au lycée catholique d'Amiens car, selon l'historienne Danielle Tartakowsky, "il fait fi de l'histoire des acquis sociaux en France". Celle-ci rappelle que "la démocratie politique et sociale française s'est construite sur la conjonction entre mobilisation collective et action des élus". Bien entendu, le locataire de l'Élysée, avec sa vision jupitérienne du pouvoir, se moque du tiers comme du quart de la démocratie, affichant un mépris souverain pour les opposants à sa réforme des retraites.

Au cas où le Président ne lirait pas les affiches d'aujourd'hui…

Dans des articles précédents, j'ai déjà rappelé l'importance des mouvements populaires dans l'Histoire de France, à commencer par l'inoubliable Prise de la Bastille qui, célébrée l'année suivante par la Fête de la Fédération, est devenue jour de fête nationale (abusivement commémorée par Macron et ses prédécesseurs sous la  forme d'un défilé militaire qui est un contresens manifeste). Les révolutions de 1830 et de 1848, le Front Populaire de 1936 (sans oublier les révoltes qui ont échoué comme celles des Canuts lyonnais, des vignerons du Languedoc, de la  Commune de Paris ou celle des paysans du Larzac qui a réussi) ont transformé la société durablement, n'en déplaise à Monsieur Macron.

13  mai 1958 : les putschistes d'Alger permettent le retour de de Gaulle

Celui-ci s'appuie sur la Constitution en appliquant le 49-3, l'un des articles les plus pervers de l'œuvre de Michel Debré qui en compte plusieurs autres. Son adoption le 28 septembre 1958 par plus de 82% des voix ne fait aucun doute et ce n'est pas cet article (dont je n'avais pas connaissance quand j'ai voté NON c'était mon premier vote, je venais d'avoir 21 ans) qui a motivé mon opposition. En effet, comme la plupart des opposants, je voulais marquer mon refus de cette prise de pouvoir ressemblant à s'y méprendre à celle de Bonaparte le 18 Brumaire. En effet, le processus qui s'achevait le 28 septembre par un référendum-plébiscite avait commencé le 13 mai 1958 (jour de l'investiture de Pierre Pfimlin comme Président du Conseil) par le putsch d'Alger du Comité de Salut Public dirigé par des gaullistes, militaires et civils, Lagaillarde, Delbecque, Chaban-Delmas, Soustelle, Salan, Jouhaud, Massu. Il est suivi le 24 mai par une opération aéroportée en Corse et d'un ultimatum au gouvernement Pfimlin qui démissionne le 28 mai. De Gaulle est appelé par le Président Coty et il devient Président du Conseil par 329 voix sur 553… Le tour est joué et les Français vont en prendre pour 65 ans, au moins !

Macron révolutionnaire ? Il faut le voir pour le croire.

Ainsi donc, Monsieur Macron, Président d'une République née dans la rue à Alger, grâce à un putsch militaire, conteste la légitimité d'un mouvement populaire démocratique d'opposition à sa réforme des retraites qui dure depuis des mois sans aucun débordement (jusqu'au recours au 49-3) ! On croit rêver. Faudra-t-il (comme il l'a souhaité de façon provocatrice) que le peuple vienne le chercher à l'Élysée comme les Parisiennes sont allées chercher Louis XVI à Versailles le 5 octobre 1789 ?

Elles sont allées le chercher !

 

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