ANNIVERSAIRE DÉTONNANT

Publié le par Michel Durant

D'abord un film à voir pour réfléchir après

La sortie sur des milliers d'écrans de cinéma dans le monde entier (sauf peut-être en Russie, en Chine, en Corée du Nord et au Japon) du film de Christopher Nolan Oppenheimer coïncide avec le 78e anniversaire du bombardement d'Hiroshima par la première bombe atomique. La décision fut prise par le nouveau Président des États-Unis Harry Truman qui remplaça le Président Roosevelt, décédé au début de son quatrième mandat, le 12 avril 1945, un mois avant la capitulation allemande. Quatre mois plus tard, l'équipe de scientifiques dirigée par Robert Oppenheimer à Los Alamos, en plein désert du Nouveau-Mexique, que Roosevelt avait mandatée pour réaliser la bombe atomique (avant l'Allemagne nazie) était prête. Le bombardement eut lieu et fit 140 000 morts* en quelques secondes, hâtant ainsi la capitulation du Japon.*Mais les bombes au phosphore sur Dresde et Tokio en firent 100 000 et 80 000.

Après le bombardement, trop tard pour réfléchir

Je viens d'entendre l'émission radiophonique Le Masque et la Plume, sur France Inter, où le film fut abattu en flammes par la totalité des critiques de cinéma. Il fut un temps où cette émission voyait s'affronter Georges Charensol et Jean-Louis Bory sur tous les films présentés et les débats vivaces étaient très intéressants. Aujourd'hui, j'ai trouvé les cinq minutes consacrées au film plus longues que les trois heures du film de Nolan qui comporte pourtant quelques longueurs. Néanmoins, il est très intéressant car les problèmes qui y sont soulevés dans les années quarante et cinquante demeurent d'une troublante actualité : doit-on utiliser tous les moyens contre la violence, faut-il tuer 100 000 personnes pour en sauver 500 000, doit-on sacrifier l'amitié au patriotisme et choisir le mensonge plutôt que la vérité ?

Robert Oppenheimer redevenu professeur

D'ailleurs, j'avais vu en décembre 1964, au Théâtre de l'Athénée à Paris, la pièce de Jean Vilar Le Dossier Oppenheimer qui retraçait la mise en cause du physicien génial qui renâclait à mettre au point la bombe H après le "succès" de la bombe A. Ses relations avec les milieux communistes américains avant la Seconde Guerre Mondiale et avec les pacifistes après la guerre persuadaient les conservateurs américains (on est en plein maccarthysme) qu'Oppenheimer était un traître au service de l'URSS. C'est à la même époque que le Mouvement Contre l'Armement Atomique (MCAA) organisait des manifestations pacifistes en France et je me souviens de la première à laquelle je participai à Saint-Priest-Laprugne où se trouvait une mine d'uranium**. Grâce aux progrès techniques et à la folie des hommes, aujourd'hui l'arsenal nucléaire et thermonucléaire permettrait d'anéantir toute vie à la surface de la Terre. Ainsi, la déclaration apocryphe d'Albert Einstein qui contribua, sans le vouloir, à la mise au point de la bombe atomique, prend tout son sens : "Si c'était à refaire, j'aurais été plombier !"**Aujourd'hui les mines d'uranium sont ailleurs, au Niger notamment, et les putschistes ne veulent plus en vendre à la France.

Août 1995, à Taverny, siège du Commandement de la Force de frappe française, jeûne de 4 jours en compagnie de Théodore Monod, pour le cinquantième anniversaire du bombardement d'Hiroshima (il s'agissait aussi de protester contre la reprise des essais nucléaires français dans le Pacifique par Chirac) : à gauche, deux militants antinucléaires très actifs, René Chanaud et Arlette Maussan

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article