L'ASSASSIN HABITE AU 23... AVRIL

Publié le par Michel Durant

C'est nouveau, ça vient de sortir. Dans l'affaire Fillon, un rebondissement qui fait Pschitt aurait dit Chirac du temps de sa splendeur. Le paysan de la Sarthe, qui comptait passer la journée au Salon de l'Agriculture pour tâter le cul des vaches et caresser les agriculteurs dans le sens du poil, a dû y renoncer pour consulter son staff et rédiger un discours à l'intention des médias qu'il déteste et du peuple français qu'il adore.

En effet, il a appris ce matin, dès potron-minet, qu'il serait convoqué le 15 mars par les juges pour une éventuelle mise en examen ou, à défaut, si les charges ne sont pas aussi lourdes qu'il y paraît, comme témoin assisté. Le téléphone a donc chauffé, les cerveaux également, les rédactions étaient en attente, des journalistes du monde entier étaient présents, impatients de savoir quelle serait l'attitude de l'homme dont on avait prédit l'élection dans un fauteuil dès le mois de novembre.

Ils n'ont pas  été déçus. Remonté comme une pendule comtoise, il a sonné les cloches aux juges, chargé sur Hollande comme un Cosaque sur un soldat de la Grande Armée bloquée par la Bérézina, appelé le peuple à son secours alors qu'il est menacé par un assassinat politique. Comment, il est menacé de mort, il connaît l'assassin qui a prémédité son crime et il n'a pas prévenu la police qu'il aime tant et qui l'aime tant ? Mais c'est un tempérament suicidaire ! On a déjà connu un Président mort dans les bras de sa maîtresse (Félix Faure), un autre jouant au chimpanzé dans les arbres de l'Élysée (Paul Deschanel), on risquerait d'en élire un cafardeux, dépressif, capable de se pendre avec son cordon de la  Légion d'Honneur dans la  salle du Conseil des Ministres à la moindre moquerie de Donald Trump à son endroit ? Impossible, la République Française ne peut pas ainsi se ridiculiser !

Fillon ne sera pas élu Président de la République. Déjà positionné 3e dans les sondages avant l'annonce de ce matin, il peut, dans les prochains jours se retrouver quatrième si la Droite ne met pas en place un plan B. Il prétend continuer comme si de rien n'était, affirme qu'il n'a pas été traité comme un justiciable ordinaire, qu'il est victime d'un complot ourdi par Hollande, que la justice n'est pas indépendante, que les médias n'ont pas respecté la présomption d'innocence... Mais tout cela est faux. J'ai entendu des dizaines de fois des journalistes dire que sa femme et lui étaient présumés innocents, même une fois mis en examen, tant qu'un procès ne les avait pas condamnés. Moi-même, dans un article du 2 février intitulé PRÉSOMPTIONS D'INNOCENCES (au pluriel), je précisais que, malgré mon peu d'amour pour Fillon, je le présumais innocent et j'en suis encore là. Mais il ne peut pas non plus se prétendre victime d'un assassinat politique et qu'au-delà de sa personne il s'agit d'un assassinat de l'élection présidentielle.

Pour le plan B, il faudra repasser. Le patron se maintient, il se débat dans les difficultés accumulées, il ira jusqu'au bout mais ses petits copains sont dans leurs petits souliers. Juppé et Baroin attendent l'hallali, Sarkozy rigole en disant qu'on ne peut tout de même pas le débrancher et Bruno Le Maire se retire de son équipe de campagne. Parmi ses adversaires, Mélenchon se voit renforcé dans sa condamnation de cette Ve République, Jadot dit que c'est Fillon qui assassine la campagne car les citoyens sont focalisés sur cette affaire, Macron affirme qu'il ne peut y avoir de trêve judiciaire pendant une élection et Hamon confirme que Fillon aurait dû se retirer depuis longtemps... Le plus simple serait encore de reporter l'élection présidentielle. Ainsi, François Hollande pourrait continuer en roue libre un quinquennat et demi dans lequel sa popularité ne cesse de grimper au point qu'il pourrait se représenter en invoquant une situation gravissime Alors son rival Sarkozy pourrait en faire autant afin de jouer le match revanche de 2012 à l'automne 2017.

 

 

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article