PROCUREUR UN JOUR, PROCUREURS TOUJOURS

Publié le par Michel Durant

Je déteste les procureurs. Élisez-moi à l'Élysée et je les ferai taire !

Dans son gouvernement de la parole, hier, le Président de la République a ajouté une page à son florilège. À l'Université de Paris-Saclay, devant un parterre d'étudiants venus s'enquérir des détails de l'investissement de l'État dans les technologies quantiques, Macron n'a pas pu retenir "la phrase qui tue" et a déclaré : "Nous sommes devenus une nation de 66 millions de procureurs !" Il a dit ça pour épingler les Français qui contestent les mesures sanitaires prises par le gouvernement dans sa lutte contre la pandémie de Covid 19 dont, pour ne pas paraître sectaire, je signalerai simplement le caractère déconcertant.

34% de procureurs ? Je me fais fort d'en trouver davantage !

En 2017, après son triomphe électoral, Macron ne comptait guère que 34% de procureurs protestant contre son programme politique auxquels on pourrait ajouter 9% de  votes blancs ou nuls n'y adhérant pas. Ces chiffres étant relativisés par une abstention importante de 25%, jamais atteinte dans une Présidentielle. Aujourd'hui, le nombre de procureurs a doublé passant à 64%. Mais de là à dire qu'il y a 66 millions de procureurs français critiquant le gouvernement et son Président, il y a de la marge que l'inflationniste du verbe n'hésite pas à franchir hardiment. Tout de même, je ne pense pas que les bébés (en diminution selon les statistiques officielles) qui pleurent dans les maternités le fassent pour déjà contester le pouvoir macronien. 

Moi, je vous procure un travail rien qu'en traversant la rue.

Macron nous accuse d'être des procureurs systématiques mais, en 2018, interpellé par un jeune réclamant du travail, le Procureur Général Macron avait assuré qu'il suffisait de traverser la rue pour trouver un emploi. Or, dans nos villes, quand on traverse la rue, si l'on ne s'est pas fait écraser par un convoyeur de fonds, on trouve des boutiques fermées, des banques sécurisées par des vigiles armés et des caméras de surveillance, des compagnies d'assurance aux promesses mirifiques jamais tenues, des pharmacies qui n'ont pas de vaccins anti-Covid 19…

Les procureurs jaunes c'est le péril jaune qui annonce la jaunisse chinoise

La même année, les "procureurs jaunes" ont dérangé le pauvre Président des riches dans son palais élyséen. Ils réclamaient d'être écoutés, consultés, respectés. Ils ont été entendus et le Pouvoir les a traités avec des camions à eau, des LBD et des gaz lacrymogènes. Ces procureurs-là ont occupé les ronds-points et la rue pendant des mois, focalisant l'intérêt des médias jusqu'à ce qu'une épidémie mortelle attire sur elle toute l'attention du Président et de la population. Mais si les procureurs ont changé, leur nombre a surtout augmenté. 

Maintenant, les 66 millions de procureurs, ça suffit. Faites-vous vacciner et fermez-la !

Crise des masques, des respirateurs, des lits et des soignants eux-mêmes frappés par la maladie. La pénurie de masques a conduit les autorités sanitaires à déclarer successivement qu'ils sont inutiles, voire dangereux car ils assurent une protection insuffisante à ceux qui croient être protégés. Lorsqu'ils sont devenus accessibles en grand nombre, ils ont été déclarés indispensables voire obligatoires par ceux-là même qui les jugeaient inutiles auparavant ! Et maintenant, un an après les début de la pandémie, maintenant qu'on a retrouvé le patient zéro, celui qui a rapporté le virus de Wuhan, les mêmes procureurs de l'intérieur déconseillent le port de masques artisanaux en tissu alors qu'ils ont été massivement fabriqués selon les plans officiels par des couturières (ou des couturiers) bénévoles bien loin de faire partie des 66 millions de procureurs !

Étudiants, étudiez et votez Macron en 2022 en quantité quantique !

Macron a promis aux étudiants de Saclay un plan d'investissement d'1,8 milliard d'euros dans les technologies quantiques. La start-up nation chère à son cœur disposera donc d'ordinateurs quantiques qui remiseront nos classiques bécanes dans les musées aux côtés du fardier de Cugnot et du ballon des frères Montgolfier. Il espère, malgré son  écart de langage que ces étudiants qu'il est venu flatter, non seulement deviendront d'ingénieux ingénieurs plaçant la France sur le podium de la réussite mais encore de bons électeurs lui permettant d'être réélus en 2022 pour continuer sa mission réformatrice en réduisant le nombre de procureurs convulsifs. À moins que ces étudiants réduits à supporter des cours à distance, isolés dans des logements minuscules, séparés de leur famille et de leurs camarades, frappés de dépression et malnutris, ne deviennent l'avant-garde des procureurs condamnant Macron à retourner à ses chères études théâtrales.

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