LES MACRONISTES ET LE TRAVAIL

Publié le par Michel Durant

 On appelle ça un travail

Dans son allocution des vœux, notre très cher Président n'a pas manqué d'être très original et très profond, comme à son habitude. Il a préparé habilement le terrain à SA réforme des retraites en insistant lourdement (près de 20 fois) sur l'usage du nom travail et du verbe travailler : "Il faut travailler davantage pour faire face aux crises !… Nous devons transformer la France par notre travail et notre engagement…" Tout comme il avait déclaré en octobre 2022 sur France 2 : "Je crois dans une France du travail et du mérite." Ces formules toutes faites s'inscrivent dans la continuité de ses prédécesseurs à l'Élysée qui, eux-mêmes, ne cessaient de vanter la valeur-travail, le travail manuel, le retour au travail… alors que leurs politiques ont conduit à mettre sur le pavé toujours plus de chômeurs.

J'ai lu que le B aurait été fixé à l'envers pour répondre à la perversion nazie par la dérision. Mais est-ce bien vrai ?

Or, hier soir, j'ai regardé les deux documentaires programmés par ARTE sur l'Allemagne de 1933 (maintenant visibles sur ARTE.fr) dans lesquels le travail avait une place essentielle. D'abord par le manque de travail (5 millions de chômeurs sur 65 millions d'habitants). Ensuite par l'usage du mot travail dans les discours et les noms des partis politiques qui se disputaient le pouvoir, lutte qui vit le NSDAP (Parti National-Socialiste des Travailleurs allemands) l'emporter sur le SAPD (Parti Socialiste des Travailleurs allemands) et le KPD (Parti Communiste allemand). Enfin par la pratique du travail comme idéal, modèle ou sanction dans la société nazie avec sa forme ultime dans les camps d'extermination dont plusieurs portaient à l'entrée la formule perverse Arbeit macht frei (le travail rend libre). Au goulag soviétique aussi, on trouvait le slogan "Par le travail, la liberté" dès les années 20 !

Peut-être qu'Hitler aurait fait un bon terrassier ? Cela aurait mieux valu que dictateur.

Dans ces documentaires fort bien faits et comptant un nombre très important d'images originales de la vie courante, en dehors d'une salutaire révision des notions emmagasinées sur la Seconde Guerre Mondiale causée par le nazisme, j'ai retenu qu'une des premières décisions prises par Hitler a été la création de la Fête du Travail le Premier Mai* (journée chômée avec défilé et manifestation obligatoire de tous les travailleurs). En septembre 1933, avec sa participation, aux côtés de 700 ouvriers armés de pelles, de bêches et de pioches, à la construction d'une autoroute, le Führer** donnait le bon exemple. Selon la doctrine nazie, Goebbels affirmait "qu'éduquer la société au travail collectif est la condition de sa pureté." De là à enfermer les opposants, les juifs, les tziganes dans des camps d'extermination où les plus solides travaillaient jusqu'à la mort, il n'y avait qu'un pas franchi allégrement par les partisans de la race pure. *Imité par Pétain dès 1941**Mussolini aussi se prêtait à ce genre de mascarade. 

Les prisonniers  du boulot n'font pas de vieux os !

Loin de moi l'idée de comparer le macronisme au nazisme mais il n'est pas inutile de montrer que le travail ne rend pas libre et que travailler plus ne permet pas de gagner plus. D'ailleurs, quand Henri Salvador chantait "Le travail, c'est la santé, rien faire c'est la conserver, les prisonniers du boulot n'font pas de vieux os" en 1965, il en avait vendu 400 000 exemplaires ! Preuve que les auditeurs approuvaient le refrain et que, déjà, ils n'étaient pas dupes de ceux qui veulent les faire bosser jusqu'à en crever. D'ailleurs, les promoteurs du "travailler plus" ne vont pas dans le sens de l'Histoire. Ainsi, au XIXe siècle, où se développa le travail industriel et où on vit se manifester les diverses théories socialistes, les horaires quotidiens des ouvriers sont passés de 15h à 12h puis, grâce à d'importantes luttes internationales à la journée de 8 heures quand, aujourd'hui elle est de 6 à 7 heures. À quoi il faut ajouter les congés payés et la retraite. Bref les tenants de l'allongement de la durée du travail sont des réactionnaires, tout simplement.

Avec 1/2h par semaine en plus, il arrivera peut-être à faire un bon Plan

Les gros malins du macronisme, comme ils ne veulent pas déclencher la révolution en revenant en arrière par la suppression de la semaine de 35h***, n'ont pas trouvé mieux que de retarder l'âge de la retraite. Ils se sont dit : "Les jeunes ne pensent pas à la retraite qui est tellement loin, les vieux sont déjà à la retraite, ils ne diront rien, il n'y a que les les 50-60 ans qui vont râler mais comme beaucoup sont au chômage ou en pré-retraite, avec quelques aménagements, ça va passer comme un suppositoire à la glycérine. Mais tout le monde en a déjà plein le cul de Macron et de ses acolytes, même la glycérine n'y peut rien : ça ne passe pas. Et mardi prochain, on sera tous dans la rue pour défiler sous leurs fenêtres. ***Le vieux renard Bayrou a trouvé la solution : créer la semaine de 35h 1/2 !!!

Charlie vous offre une affiche pour défiler mardi prochain

 

 

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