RÉTABLIR L'ORDRE RÉPUBLICAIN ?

Publié le par Michel Durant

Louis-Napoléon Bonaparte, partisan de l'ordre républicain, avant qu'il ne fasse un coup d'état contre la République dont il était le Président !

Depuis quelques jours, on n'entend plus que ça. Qu'est-ce donc que l'ordre républicain ? Existait-il avant puisqu'il s'agit maintenant de le rétablir ? Comment faire ? Autant de questions auxquelles je vais, modestement, tenter de répondre à ma manière qui n'est certainement pas la même que les Macron, Darmanin, Ciotti, Bardella et autres Hollande.

Une belle devise à respecter

L'ordre républicain, c'est l'organisation de la République Française en respectant ses lois rédigées selon la devise que nous ont léguée les révolutionnaires, dès 1790 par la bouche de Robespierre, dans la ligne de Rousseau et des philosophes des Lumières : Liberté, Égalité, Fraternité. Abandonnée sous l'Empire et, bien entendu, la Restauration ne l'a pas restaurée, elle fut remise à l'honneur par la Révolution de 1848 et bientôt effacée par le coup d'état de Louis-Napoléon Bonaparte fondant le Second Empire. Rétablie par la IIIe République le 14 juillet 1880, elle figurera désormais sur les édifices publics. Remplacée de 1940 à 1944 par Travail, Famille, Patrie, Pétain n'ira pas jusqu'à l'enlever du fronton des mairies où elle était gravée dans la pierre.

Le contrôle "au faciès" ça n'existe pas. Et pourtant…

Avant les troubles actuels qu'on peut appeler révoltes de la jeunesse, prurits révolutionnaires, émeutes, désordres ou charivaris selon la place qu'on occupe sur l'échiquier politique, l'âge, la condition sociale, la profession ou la disposition d'esprit du moment, la société française était-elle vraiment régie par les principes de Liberté, d'Égalité et de Fraternité ? Personnellement, j'en doute un peu et je ne  suis pas le seul. Quand les jeunes noirs et/ou maghrébins se voient contrôler leur identité plusieurs fois dans la même journée par les mêmes policiers, ils sont en droit de demander pourquoi il n'en est pas de même pour les personnes âgées à la peau blanche*. De quoi douter de l'application des principes de liberté et d'égalité. Quand un jeune maghrébin, certes en infraction, est tué à bout portant par un policier, sa famille est en droit mettre en doute le respect du principe de fraternité par ce policier représentant l'ordre républicain. Inutile d'insister davantage sur le respect de la devise républicaine dont les gouvernants, à tous les étages, se gargarisent car chacun sait qu'en France les libertés se restreignent de jour en jour, les inégalités s'accroissent et la fraternité est aux abonnés absents.*Pour le film La Daronne, Isabelle Huppert, 67 ans, dans le besoin, joue le rôle d'une auxiliaire de police trafiquant de la drogue…

Je n'ai pas trouvé de chien crevé au fil de l'eau !

Comment rétablir (ou plutôt établir) l'ordre républicain ? Ce n'est pas élémentaire, mon cher Watson, dirait Sherlock Holmes pourtant expert en psychologie et soucieux du respect des lois. Pas simple et ça prendra du temps, de l'énergie et de l'argent compte tenu des retards, des manques, des besoins et, surtout, de l'absence de lucidité politique et d'anticipation des partis et gens de pouvoir depuis huit décennies (disons 1945 pour simplifier). Les problèmes se sont accumulés malgré (ou à cause de) la croissance continue de la population, de la richesse du pays, de la productivité,  de la consommation sans limites. L'instruction et l'éducation de la jeunesse n'ont pas été à la hauteur des enjeux. Les gouvernants ont pratiqué la politique du chien crevé au fil de l'eau appelée aussi la politique de l'autruche et, quand on veut se passer du règne animal pour en revenir à l'humain, celle qui consiste pour celui-ci à cacher la poussière sous le tapis. Toutes consistent à ne pas décider ou à prendre des demi-mesures, choisir des chemins aisés sans voir qu'ils mènent à des impasses. C'est ce qu'ont fait successivement TOUS les gouvernements français depuis la Libération sauf, peut-être, celui de Pierre Mendès-France qui n'a duré que 7 mois et 18 jours.

Le PIB de la France va augmenter, les primes d'assurances aussi

Les banlieues brûlent, mais aussi les villes moyennes comme Montluçon, les petites villes comme Argelès, Chamalières, Mimizan… Les dégâts sont considérables. C'est désolant, en effet. Insupportable et inexcusable car chacun sait bien que ça ne réglera rien. Mais c'est explicable car la haine d'une grande partie de la jeunesse vis-à-vis de l'État qui ne tient pas ses promesses et de la police, bras armé de l'État, qui frappe de plus en plus fort, blesse gravement et tue de plus en plus souvent, cette haine durable s'accroît sans cesse. À chaque "bavure policière", on se lamente, on organise des marches blanches, on dit, on écrit, on crie "PLUS JAMAIS ÇA" et six mois, un an, quelques années plus tard, les Malek Oussekine, Zyad et Bouna et Rémi sont rejoints par Nahel… Et combien d'autres Nahel qui n'ont pas été filmés sont morts "à cause de la fatalité ou de règlements de comptes entre jeunes" ?

Ce matin, Éric Ciotti a voulu faire peur à la racaille, comme son maître Sarkozy. 

J'entends autour de moi, tenus par des gens de mon âge**, des propos voisins de ceux des Ciotti, Darmanin, Bardella, condamnant "la racaille", souhaitant des peines plus sévères, des châtiments "exemplaires" contre les jeunes de banlieue. Mais je suis sûr que 90% de ces mêmes personnes, s'ils avaient actuellement 16, 17, 18 ans et s'ils étaient noirs ou maghrébins, iraient brûler les voitures dans la rue. Il y a une logique à cela. Dans les films, la violence est exaltée. Les super-héros prolifèrent. Les chaînes d'information en continu montrent la guerre en Ukraine sous toutes ses coutures, sauf depuis 5 jours où ce sont les voitures qui brûlent dans les rues de France, devant les vitrines brisées et les murs couverts de slogans haineux. "On n'a pourtant pas enseigné la haine dans nos écoles !" disent les professeurs. Certainement, mais les élèves l'ont apprise en ouvrant les yeux et les oreilles sur le monde des adultes !**La haine des vieux contre les jeunes est aussi grave que celle des jeunes contre la police.

Ramper dans la boue sous des fils de fer barbelés, voilà qui forme un homme !

Comment sortir de cette impasse violence-répression ? Ah, on peut continuer à mettre 50 000 policiers et gendarmes chaque soir dans nos rues, on peut instaurer un couvre-feu, on peut mettre en place l'état d'urgence, déployer l'armée, tirer à vue… Ce matin, les journalistes se réjouissaient d'annoncer qu'il y avait eu seulement 157 interpellations, 4 fois moins que la veille. C'est sûr que les jeunes qui sont en prison depuis le début des "troubles" (j'emploie un autre mot qu'au §3), n'étaient pas dans les rues hier soir. Et quand tous les jeunes seront en prison, ils ne brûleront plus de voitures (ils mettront le feu aux prisons déjà surpeuplées). On peut aussi rétablir le service militaire obligatoire : tiens un service militaire de trois ans (comme en 1913 jusqu'en 1923) ça résoudrait beaucoup de problèmes***. Presque plus de jeunes dans les rues, plus de chômage des jeunes, plus de trafics de drogue dans les banlieues remplacés par le trafic de cigarettes et de pinard dans les casernes… Ah, la vie sera belle sous le gouvernement d'Union Nationale de Bardella à Roussel en passant par Macron, Bayrou et Ciotti ! Et les jeunes Français sauront qu'ils ne faut pas mettre le doigt dans son nez car les policiers auront le leur sur la gâchette !***Et puis une bonne guerre, voilà qui materait les jeunes !

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